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MARCHÉS HORLOGERS (suite) : et si ce n’était que le début ?
 
Le 06-10-2008
de Business Montres & Joaillerie

Retour sur les informations publiées dimanche 14 septembre concernant la situation économique réelle
des marchés horlogers, alors même que la débâcle américaine n’était pas encore annoncée.

Le titre était un peu provocateur : « Marché horloger : et si on arrêtait de se raconter des craques ? »

L'article a été largement photocopié et commenté dans les manufactures et il m’a valu de nombreux messages, soit pour me dire que j’exagérais, soit pour me dire à quel point j’étais au-dessous de la vérité (souvent en me fournissant des exemples concrets, qui mériteront, dans quelques jours, un nouveau point sur la situation).

Fallait-il publier un tel article, au risque de désespérer La Chaux-de-Fonds ? Evidemment ! Pourquoi se cacher derrière son petit doigt, surtout aujourd’hui, après l’annonce des fantastiques destructions de valeur par les banques américaines ?
Evidemment qu’il faut mettre en garde les uns et les autres – les cadres dirigeants de l’horlogerie, les fournisseurs, les analystes, les amateurs et les clients – contre l’optimisme de commande affiché par l’établissement horloger.

Les indices d’une décrue déjà sensible se multiplient :

Les fournisseurs de composants indispensables à la production (mouvements, aiguilles entre autres) ont officiellement annoncé à leurs clients qu’ils raccourcissaient les délais d’attente de plusieurs mois à quelques semaines. Vrai ou faux ? Comme ces fournisseurs n’ont pas mis en place de nouvelles structures industrielles, c’est bien l’indice qu’il y a eu quelques annulations de commandes, qui ont ainsi « libéré » des capacités supplémentaires…

Tous les détaillants ont noté une accélération des livraisons opérées par les marques. Il y a soudain un peu plus de marchandise dans les tuyaux et les manufactures semblent très pressées de facturer cette manne avant la clôture des comptes 2008. On remarque aussi des livraisons d’autant hâtives que les montres n’ont pas été absolument fiabilisées : c’est donc le client qui fera le SAV, mais ça ne se retrouvera dans les comptes que l’année prochaine. Vrai ou faux ? C’est bien une confirmation que le marché n’est pas aussi tendu qu’on le dit…

En lisant attentivement les annonces des marques cotées, on trouve de sérieuses bouffées de pessimisme. Avec les propos pour le moins réalistes de Johann Rupert, l’actionnaire de Richemont, j’aurais pu citer le dernier bulletin un rien alarmiste de Seiko, qui annonce une révision à la baisse de ses résultats 2009…

Je suis également en train de m’intéresser de près aux statistiques de la FH suisse, triomphales en gros, mais plus inquiétantes dans le détail des chiffres, qui traduisent une incontestable et spectaculaire régression des exportations dans certaines catégories de prix (affaire à suivre dans quelques jours)…

J'ai récemment pris conscience grâce à un document américain, du nombre effrayant de détaillants locaux en faillite ou placés sous la protection du fameux Chapter 11 : autant d'annulations de fait des commandes généreuses de Bâle et Genève...

...

Un vieil adage boursier veut que la force d'une correction soit, sur les marchés, au moins égale mais à rebours de la tromperie qui l'a précédée : si cela devenait applicable à l'horlogerie, tous aux abris !

2009 est, plus que jamais, l'année de tous les dangers...



 



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