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DÉSTOCKAGE : demain, le grand déballage ?
 
Le 06-10-2008
de Business Montres & Joaillerie

Différents stocks de montres de luxe, et même de très grand luxe, sont actuellement proposés au plus offrant sur la place de Genève :
il s’agit de montres neuves, invendues, donc bradées à n’importe quel prix pourvu qu’un peu de cash vienne poser un léger voile d’humidité sur des trésoreries désespérément à sec…

Business Montres annonçait lundi 22 que la prochaine vente aux enchères de Patrizzi & Co compterait près de 300 montres de plus que prévu : c’est confirmé et on saura bientôt quelle manufacture genevoise a eu le courage (légèrement suicidaire ?) de procéder ainsi à la dispersion d’un lot de pièces de « haute horlogerie » qui ne trouvaient pas preneur sur le marché.

Les amateurs de cette marque feront certainement de bonnes affaires par rapport aux prix du catalogue, mais on comprend la fureur des détaillants, totalement pris à contrepied par cette braderie, qui sera sans doute la dernière pour cette maison. On ne voit pas trop comment la marque – déjà pour le moins malade, endettée et désormais presque décapitée – pourrait survivre à un tel dérapage et à la publicité négative qui aura ainsi définitivement ruiné son crédit.

Deux autres marques de « haute horlogerie » voient également d’importants lots de leurs montres être proposées sur des listings de « parallélistes » notoires et de « nettoyeurs » rôdés aux tractations discrètes dans les entrepôts du port franc de Genève. A croire qu’il y a beaucoup plus de ces montres en stock que dans les boutiques ou dans les collections des amateurs…

Là encore, compte tenu de la taille modeste de ces marques et de leur positionnement sur des niches très spécialisées, on ne saurait imaginer une survie autre que provisoire après avoir encaissé de telles torpilles sous la ligne de flottaison.

On se pose quand même des questions : est-ce dû à l’inconscience de CEO qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez ou à la trahison de grands détaillants, prêts à tout pour un ballon d’oxygène financier ? A moins qu’il ne s’agisse de décisions mûrement réfléchies de conseils d’administration décidés à sortir à tout prix d’affaires par avance sacrifiées…

Ce ne sont sans doute que les prémisses d’un futur grand déballage de montres neuves déstockées dans n’importe quelles conditions auprès de n’importe quels revendeurs.

Une rumeur persistante parle ici d’une « stratégie du pire » absolument délibérée : « Puisque la fin 2008 s’annonce assez catastrophique et qu’il n’y a pratiquement plus d’espoir de sauver 2009, autant “charger la barque“ de toutes les créances les plus pourries et autant “crever dès maintenant l’abcès“ de ces sur-stocks accumulés depuis quelques années. Un peu plus, un peu moins ne feront pas la différence dans l’annus horribilis qui se profile. Au mieux, on aura nettoyé l’arrière-boutique avant de repartir sur des bases plus saines en 2010 ».

C’est un point de vue qui a sa logique et qui, dit-on, se justifie économiquement. Les jeunes banquiers genevois ne se cachent pas non plus de « charger la mule » pour les bilans 2008 en ressortant tous les cadavres du placard : avouées tardivement, ces quelques pertes supplémentaires ne feront de mal à personne. En plus, 2009 ou 2010 ne pourront être que meilleurs…

Le seul inconvénient pour l’univers de la montre, c’est qu'on oublie ici l'essentiel : les clients. Les horlogers – contrairement aux banquiers adeptes du court terme – jouent sur des constantes de temps extraordinairement longues. Ils risquent ici une image de marque dont les marqueurs négatifs infuseront sur le long terme et avec des vitesses de sédimentation si lentes qu'elles interdisent de se livrer à de tels petit jeux. Les pertes de confiance engendrées par la politique du pire ne se rattrapent que péniblement et ne s’effacent pratiquement jamais.

L’histoire horlogère est pavée de crises qui ont vu les marques s’abandonner à des procédés indignes. C’est dans ces temps troublés que se manifestent les vrais différences entre les « bonnes » maisons et les autres : celles qui respectent vraiment leurs clients (parce qu’elles sont hantées par un sentiment diffus de responsabilité historique) et celles qui ne respectent que la logique financière (parce qu’elles sont dépourvues de cette culture « historique », souvent garantie par une gestion familiale).

Le vent qui tourne finit toujours par emporter les paillettes qui recouvraient les fausses gloires…


••••• Une chose me chagrine beaucoup : dans ce genre d'opérations, ce sont toujours les meilleurs qui payent pour les pires. La défiance des amateurs est contagieuse et elle va toucher toutes les marques, les honnêtes comme celles qui gaspillent leurs dernières cartouches. L'effondrement de l'actuel système des prix menace toute l'industrie et, chaque fois que l'horlogerie a pratiqué la fuite en avant dans le discompte sauvage, elle a toujours failli y laisser sa peau...

 



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