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Osvaldo Patrizzi ne relâche pas la pression contre ses successeurs chez Antiquorum.
Il vient de tirer un nouveau missile dominical contre « Bob et ses chers amis » (comprenez Robert Maron et la nouvelle direction de la maison d’enchères genevoise).
C’est devenu une habitude, presque le « billet doux » du week-end entre deux adversaires et futurs concurrents.
Cette fois, Osvaldo Patrizzi met en avant quelques arguments juridiques (une décision du Tribunal fédéral suisse, qui pourrait invalider toutes les cessions d’actions enregistrées depuis un an entre les successeurs d’Osvaldo Patrizzi) et quelques considérations déontologiques (histoire de rappeler à Bob Maron qu’il doit payer ses créanciers avant de se payer lui-même).
« Nous ne voulons pas devenir la prochaine victime espagnole », ironise Osvaldo Patrizzi en rappelant une querelle toujours pendante pour 12 millions de francs suisses que se disputent Antiquorum et Quorum House (une structure de financement parallèle à Antiquorum dont Osvaldo Patrizzi était actionnaire majoritaire).
Une allusion très claire à la fameuse vente de ce printemps, au cours de laquelle Antiquorum avait dispersé la collection de montres neuves d’un mystérieux « marquis espagnol », qui attend toujours qu’on lui règle le montant de cette vente.
On apprend au passage – mais on s’en doutait déjà plus ou moins, faute d’avoir pu accéder à l’état comptable de la société – qu’Antiquorum n’a toujours pas communiqué ses comptes 2007 à ses actionnaires minoritaires (Osvaldo Patrizzi a toujours une action). Peut-être, insinue Patrizzi, parce que les cessions d’action n’ont pas été légalement enregistrées ou qu’elles ne sont pas forcément communicables…
La flèche du Parthe concerne le catalogue de la prochaine vente Antiquorum (New York) : les numéros d’identification (boîtier et mouvement) de quelques montres Patek Philippe ont été « floutés » volontairement à l’impression.
Officiellement, dit-on chez Antiquorum, c'est pour éviter aux vendeurs de subir les représailles d’une marque qui déteste qu’on remette sur le marché des montres qui doivent se mériter avec patience et en récompense d'un comportement d’acheteur irréprochable.
« Bob, aurais-tu peur que ces pratiques de marché gris te fâchent avec Patek Philippe ? », s’interroge, narquois, Osvaldo Patrizzi.
Cette accusation de « marché gris » n’est pas mince, si on considère que ce fléau, endémique sur le marché horloger, peut tourner à l’épidémie foudroyante et ruiner la confiance des acheteurs dans les prix pratiqués par les marques.
S’il est certain que Patek Philippe surveille de très près ses montres neuves qui réapparaissent sur le marché à peine sorties de boutiques (Ferrari avait réagi de la même manière pour enrayer la revente sur le marché gris des bons de commande), ce n’est sans doute pas en camouflant ces références sur un catalogue qu’on empêchera les visiteurs de l’exposition précédant cette vente de relever les numéros en question, visibles au verso de la montre…
Une question reste cependant sans réponse : pourquoi une telle escalade – pour l’instant postale et publique – chez quelqu’un qui avait jusqu’ici semblé préférer le profil bas médiatique et le contre-feu judiciaire ?
Quelle mouche a donc piqué Patrizzi et pourquoi semble-t-il si sûr de lui, alors qu’il aurait intérêt à calmer le jeu pour éviter toute éclaboussure collatérale avant la première vente « zéro commission » (mi-novembre prochain) de sa nouvelle structure, Patrizzi & Co Auctioneers ?
Aurait-il de bonnes nouvelles à nous annoncer dans les semaines qui viennent ou des informations encore cachées qui renforceraient sa position ?
Il est en tout cas plus décidé que jamais à recréer, autour de P&CA, un pôle de référence internationale pour les enchères horlogères : ce week-end, il emménageait dans ses nouveaux locaux, au pied de la Vieille-Ville de Genève, à portée de fusil du siège d’Antiquorum.
Sous le marteau ou sur papier timbré, on n’a pas fini de faire parler la poudre !
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