Personne ne l’attendait, mais tous l’ont remarqué. Denis Giguet a réussi un coup de maître en présentant ce printemps dans une arrière-salle d’un café bâlois son premier “ bébé ” horloger, né de l’union féconde entre la créativité et le savoir-faire. Pour l’aider à sortir de son anonymat, le tandem Hautlence - Renaud de Retz et Guillaume Tetu - qui exposait à deux pas, n’a pas ménagé ses
efforts pour faire savoir à ses hôtes qu’une surprise les attendait également dans la salle d’à côté. La solidarité ne serait donc pas un vain mot en horlogerie. Une fois les visiteurs sur place, Denis Giguet avait effectivement de quoi les surprendre : sa Sequential One ne ressemble à aucune montre connue. Des heures séquentielles largement surdimensionnées et des minutes sur un disque mobile en arc de cercle de 270 degrés. Et trois dépôts de brevets à la clé.

Ce premier étage de la fusée MCT - pour Manufacture Contemporaine du Temps, dénomination qui est jusqu’ici la chose la moins originale de l’aventure - a de quoi faire décoller la notoriété de cette marque embryonnaire. Aux commandes, l’ingénieur Denis Giguet peut faire valoir des heures de vol dans des vaisseaux de premier ordre : Rolex, puis Harry Winston, où il s’occupe notamment des fameuses Opus en tant que directeur industriel.

Bien armé, Denis Guiget choisit en octobre 2007 de tourner une nouvelle page de son histoire horlogère. Avec des partenaires, il crée la société MCT: six mois plus tard, un premier prototype fait
l’admiration des visiteurs qui s’osent dans son antre bâlois. A la question récurrente – mais parfois pertinente – de l‘apport de toute nouvelle société à l’horlogerie, Denis Giguet répond clairement pour MCT : “ L ’objectif est de lancer des produits innovants, compliqués dans leurs mécanismes mais simples à mettre en oeuvre. Quant à la véritable signature MCT, elle devrait s’imposer par des affichages innovants, par de nouvelles propositions de lectures du temps avant-gardistes et fonctionnelles. ”

Le programme est énoncé ; ne reste - si l’on ose dire - qu’à le mettre en pratique. Après l’épreuve du feu de ce printemps sous la forme d’un prototype, la Sequential One a connu passablement d’évolutions au cours de cette période de mise au point. La première version bat comme prévu au rythme d’un mouvement mécanique maison – de 471 composants - mais avec remontage manuel. Les premières pièces devraient être livrées dans les semaines à venir. Entre 30 et 50 Sequential One sont prévues pour cette année, contre 150 à 200 l’an prochain. Et la suite du programme est déjà riche de promesses. La Sequential One version 2 (avec remontage automatique) est annoncée pour fin 2009 tandis que “ deux nouveautés avec des affichages de l’heure complètement différents ” seront lancées en 2010, prévient Denis Guiget.

A l’heure de souffler la première bougie de MCT, Denis Giguet se dit agréablement surpris de l‘excellent accueil réservé à la Sequential One. Et de confier que rien ou presque ne s’est déroulé comme prévu : « les choses que je redoutais le plus se sont passées relativement aisément tandis que j’ai connu passablement de problèmes sur des terrains que je croyais bien maîtriser.” Et la plus grande difficulté ? “ Probablement d’avoir été jusqu’ici le seul actif dans la société. On vit parfois de grands moments de solitude ”. Ça ne devrait pas durer.

MICHEL JEANNOT

REVOLUTION