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Patek Philippe World Time Ref. 5131 au banc d'essai
 
Le 17-11-2008

Depuis la création du magazine GMT en l’an 2000, j’attendais avec impatience de pouvoir consacrer notre Banc d’essai à l’une des créations de la marque horlogère la plus prestigieuse du monde: Patek Philippe.

Aujourd’hui cette patience est récompensée, car la pièce en question est une nouvelle édition d’un modèle emblématique affolant les salles de ventes aux enchères: l’Heure Universelle, commercialisée depuis cette année sous la référence 5131.

L’habillage:
Depuis quelques années j’ai constaté une mue certaine, bien que mesurée, des montres produites par Patek Philippe. Thierry Stern n’y est certainement pas étranger et il semble dès lors évident qu’il dispose de toutes les qualités requises pour reprendre le flambeau des ses illustres aïeux dans le plus pur esprit de la marque. Car cette évolution est un dosage parfait de traditions et de technologies d’avant-garde auxquelles quelques petites adaptations dues aux modes (demandes des marchés) ont été ajoutées et je pense ici particulièrement aux diamètres des boîtes qui se sont vu souvent gratifier de quelques millimètres.

La 5131 s’inscrit comme un classique de la marque et a trouvé l’équilibre parfait entre l’héritage de la tradition pour cette complication et les canons actuels d’esthétique. Le boîtier, sous de faux airs ultraconservateurs, affiche des dimensions très raisonnables (39.5mm de diamètre) et des proportions idéales. Ce qui m’a particulièrement séduit, ce sont les longueurs et le galbe des cornes qui valent à mes yeux plus que la plus belle carrosserie. Garant d’une étanchéité adaptée aux us de nos jours, le fond est vissé. L’élément le plus significatif de cette nouveauté 2008 est évidemment le cadran en émail cloisonné, témoin d’un illustre savoir-faire hélas en quasi voie d’extinction aujourd’hui. Peindre à main levée une telle miniature, poser les cloisons, réussir les nombreuses cuissons dont chacune d’entre elles peut se révéler fatale relève du plus grand art et ce terme, souvent galvaudé dans le milieu horloger, trouve ici sa pleine valeur. Les aiguilles typiques demeurent fidèles aux modèles produits durant les années 40 et 50 par la manufacture genevoise.

Le mouvement:
La base qui anime cette nouveauté est connue et n’a plus rien à prouver puisqu’il s’agit du calibre 240 présentement référencé 240 HU (pour heure universelle). Aussi raffiné qu’efficace il s’agit d’un mouvement à remontage automatique équipé d’un micro rotor. Le choix du micro rotor permet de gagner en épaisseur. Quant aux performances de remontage, celle-ci sont optimales. La masse oscillante en or 22 carats offrant une inertie maximale pour des dimensions réduites. Le calibre 240 a subi quelques évolutions techniques au fil de son utilisation et offre des qualités de réglage chronométrique. Il est évidemment équipé du célèbre balancier Gyromax permettant un réglage dynamique pointu tout en atteignant un isochronisme exemplaire. Le mécanisme d’heure universelle y a été apposé sous forme de module additionnel, ce qui, pour cette complication là, s’avère être un choix judicieux et indiscutable. J’évoque souvent dans ce paragraphe de magnifiques finitions. Voici la référence ultime en la matière. Autant dire que le poinçon de Genève est mérité sans aucune discussion possible.

Les tests:
Les marches sont exceptionnellement serrées et restent compactes également après 24h de marche. Les mesures dans 6 positions sont restées inscrites entre +1sec/j et +8sec/jour en remontage maximum comme après 24h de fonctionnement. Les amplitudes n’ont perdu qu’à peine 15° et étaient idéales (pas trop excessives en remontage maximum). Entre 280° et 288° en remontage maximum et entre 268° et 274° après 24h. La réserve de marche donnée à 48h a dans ce cas été mesurée à un peu plus de 52h!

Rien à redire côté performance donc. Meilleur est le produit, plus grande s’avère l’envie de le challenger et d’en déceler l’éventuelle faille. Ayant oeuvré une dizaine d’années en tant qu’agent et SAV agréé Patek Philippe, j’avais noté une très légère faiblesse lorsque la manufacture avait fait un pas dans l’industrialisation en s’établissant dans ses locaux actuels. Par souci d’esthétisme certainement, il y eut une période durant laquelle les ajustements étaient moins forts et les vis probablement moins serrées (par crainte de les marquer). Si faille il devait y avoir, ma seule «chance» d’en trouver une devait se situer ici. Il n’en a rien été. Preuve étant faite que chez Patek Philippe on ne s’endort pas sur ses lauriers.

Enfin, mon test préféré, le porté. Habitué à des pièces de 42mm voire d’avantage, les 39.5mm de la 5131 ne choquent pas, probablement en raison des proportions idéales et des longues cornes. L’heure universelle se révèle très confortable au poignet et les manipulations sont aisées. Le correcteur des disques, un poussoir situé à 10h, est très dur ce qui évite des changements de fuseaux involontaires et donne un sentiment de qualité et de fiabilité très sécurisant à l’usage. Enfin, le mécanisme automatique garantit un armage rapide du ressort moteur.

En conclusion:
Outre le fait que Patek Philippe soit considéré comme la plus prestigieuse marque d’horlogerie, outre le fait que la marque produise les meilleures montres depuis presque deux cent ans, ce qui reste le plus impressionnant réside sans doute dans la faculté de ses dirigeants à faire évoluer le style et les technologies au fil des décennies et des crises sans jamais dévier de son cap qualitatif et identitaire. La nouvelle référence 5131 en est la parfaite démonstration. Seul bémol éventuel, qui reste une question de goût: l’inscription de la marque gravée sur la lunette. Elle n’a pourtant rien enlevé au bonheur ressenti de porter la 5131 au poignet.

Christophe Persoz, horloger

 



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