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••• La situation réelle du marché russe, avec l’essoufflement manifeste du groupe Mercury, qui porte tous les espoirs des horlogers suisses.
Question posée : y aurait-il un oursin dans le caviar beluga des nouveaux tsars du luxe post-soviétique ? Basé à Moscou, le groupe Mercury réalise à peu près un milliard d’euros (1,3 milliard de dollars US, 1,5 milliard de francs suisses) sur le seul marché du luxe sous toutes ses formes (voitures de luxe, horlogerie haut de gamme, mode), et même sur le marché de l’art contemporain avec le très récent rachat de la maison d’enchères Phillips de Pury & Co (ex-propriété de LVMH). Il est le quatrième réseau mondial pour le luxe et sans doute celui qui a connu la progression la plus forte au cours de ces dernières années (chiffre d’affaires multiplié par 5 en cinq ans !).
Ce coup de frein des dépenses somptuaires chez les amateurs russes de luxe européen n’aurait rien d’étonnant quand on songe à la baisse spectaculaire et spéculative des prix du brut (les nouveaux riches russes sont très actifs dans le oil business) et des bourses locales. On ne se bouscule plus dans les boutiques de luxe implantées par Mercury à Moscou (notamment l’extravagant department store TsUM : ci-dessus, une des fameuses vitrines à sensation) et dans les ghettos de luxe de la banlieue moscovite. Si l’hélice du moteur russe se met en rideau, c’est tout l’avion du luxe mondial qui plonge, après l’arrêt successif des moteurs américain, européen et asiatique : avec le seul moteur proche-oriental (lui-même assez affecté par la crise financière mondiale), impossible de rester en l’air très longtemps sans un crash…
••• Les livraisons actuelles de mouvements ETA (Swatch Group), notamment des calibres chronographes Valjoux de la famille 7750.
Question posée : pourquoi de telles restrictions dans les livraisons en cours, alors qu’ETA a déjà enregistré de nombreuses annulations de commandes, et donc retrouvé des capacités de production inespérées ? Deux hypothèses : une réduction des cadences dans les usines en amont (histoire d’anticiper une brutale décélération au dernier trimestre 2009) ou une sélection plus drastique des expéditions en aval, assortie de la volonté plus ou moins explicite d’« étrangler » tel ou tel compétiteur jugé faible ou dangereux. Plusieurs marques ont actuellement des ateliers en panne faute de 7750 à monter. Du coup, sur le marché gris helvétique, le prix des 7750 ETA d’origine [des calibres renégociés ici et là sur la base de surstocks et de reventes parallèles] est reparti à la hausse.
••• Le gel provisoire des budgets publicitaires et des embauches par les grands groupes de luxe.
Question posée : cet arrêt des achats d’espace et des recrutements est-il conjoncturel ou sera-t-il reconduit en 2009, et jusqu’à quand ? Les annulations de pages par des marques de Richemont ou de LVMH (apparemment un peu moins côté Swatch Group) deviennent monnaie courante chez les éditeurs de presse écrite, mais aussi de presse numérique. Même constat pour les marques indépendantes, qui profitent également des pages « bradées » (minimum : – 50 %) ainsi rendues disponibles. Un constat : en période de crise, c’est d’abord dans le budget publicitaire qu’on taille massivement pour réduire ses coûts. Nous y sommes. Une évidence : il n’y a pas de corrélation étroite entre les ventes et la pression publicitaire pour les marques « fortes » (depuis longtemps installées sur le marché). Elles peuvent donc supprimer les achats d’espace pendant six mois ou plus sans en souffrir. Ce qui n’est pas le cas des « petites » marques, qui doivent se maintenir en top of mind soit par la seule force de leurs produits (marques de niche), soit par un effort publicitaire incessant (d’où leur taux de mortalité plus élevé en cas de récession)…
••• Les prototypes horlogers présentés au Grand Prix d’Horlogerie de Genève.
Question posée : ces prototypes de pré-série seront-elles en production et livrées d’ici à la fin de l’année, comme l’exige le règlement intérieur du Grand Prix ? Trois des pièces particulièrement impressionnantes sélectionnées par le jury ont retenu l’attention critique des connaisseurs à l’exposition UBS de la rue de la Corraterie (Genève) : la Reverso Gyrotourbillon de Jaeger-LeCoultre, la Defy XTreme Tourbillon Zero G de Zenith et la RGT-Roller Guardian Time signée Ladoire. A ce jour, seul Jérôme Lambert (Jaeger-LeCoultre) s’est courageusement engagé sur l’honneur, par écrit, à ce que sa montre soit livrée dans les délais (avant la fin 2008)…
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