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L’idée de Vartan Sirmakes est un fabuleux pied-de-nez à l’institution diamantaire européenne : installer une Bourse internationale du diamant au port franc de Genève. C’est-à-dire au cœur de l’Europe, mais sans les rigidités des réglements communautaires.

Les autorités de Berne ont approuvé le projet de création du Geneva Diamond Center proposé par la direction du groupe Franck Muller. Projet qui verra le jour dans un des nouveaux immeubles du port franc de Genève, ce qui signifie que les transactions s’y feront sous douane et en exonération de TVA (sauf dans le cas de pierres revendues en Suisse). Ce Geneva Diamond Center fonctionnera sous forme de « fondation », qui sera implantée dans les nouveaux bâtiments administratifs des Ports-Francs de Genève.

Atouts décisifs de ce nouveau pôle diamantaire : ses règles de fonctionnement hors procédures communautaires (notamment pour les différentes formalités d’import-export), son ouverture permanente (24 h x 24 h, 7 j x 7 j, disposition devenue indispensable alors que se multiplient les activités diamantaires délocalisées à Dubaï, en Inde ou en Chine) et sa situation genevoise, à vingt minutes d’un aéroport international de premier plan et de banques réputées pour leur sécurité et leur goût du secret.

Autant dire qu’Anvers, base diamantaire traditionnelle en Europe, a du souci à se faire : le commerce des diamants y est rigidement encadré et les liaisons internationales sont pour le moins déficientes. Ce n’est d’ailleurs pas un souci pour Vartan Sirmakes, le patron du groupe Franck Muller, qui a colorié sur ses plans les surfaces déjà réservées dans le futur immeuble du port franc : plus de la moitié (les plus grands noms de la place anversoise), avec des options imminentes sur tout le reste, sans parler des prévisions pour d’autres étages à occuper (actuellement trois sur les sept qui seront livrés en dans un an, à l’automne 2009, pour un total de 9 700 mètres carrés), sans parler des futurs bâtiments à construire.

Avantage décisif pour les futurs ex-Anversois : les Douanes suisses seront installées au premier étage de ce bâtiment et La Poste au rez-de-chaussée ! Il sera possible de traiter une affaire dans la journée, formalités administratives comprises, et de reprendre son avion le soir...

Genève, capitale horlogère, pourrait ainsi très vite s’imposer en capitale internationale du diamant, dans un premier temps pour le négoce, activité principale d’Anvers pour les pierres brutes comme pour les pierres polies. De quoi sérieusement menacer d’autres places comme Londres, New York ou Tel-Aviv, tout en renforçant la place de Genève comme pôle international de référence pour les industries du luxe.

D’autant que Vartan Sirmakes a sous le coude un projet de Salon international du diamant à Genève et que la Suisse reste la patrie de manufactures de montres grosses consommatrices de pierres précieuses et la place de référence pour les maisons d’enchères spécialisées…

Vartan Sirmakes a joué là un « gros coup », très intelligemment pensé, tant pour son groupe que pour l’ensemble de l’industrie genevoise et plus généralement pour l’ensemble de la place suisse. Il faut dire qu’il a lui-même une formation de sertisseur et une fine connaissance de ce milieu, dans lequel il a fait ses premières armes. Stratégiquement, ce « gros coup » le replace d’emblée au centre du jeu horloger, au premier rang des acteurs majeurs de la profession.