Recherche avancée
A propos
Emplois

Achat - Vente

Relations d'affaires

Contact
 

Et si on parlait franchement de ce qui se passe vraiment ?
 
Le 17-11-2008
de Business Montres & Joaillerie

Vous avez remarqué qu’il ne se passe apparemment plus rien dans une actualité horlogère qui bourdonnait, lors des automnes précédents, d’informations et de nouveautés lancées à jet continu ?
C’est peut-être parce que personne ne veut parler des seuls sujets qui comptent : ceux qui fâchent !

••• La rumeur de la semaine, c’est la plus énorme et la plus surprenante de toutes les éventualités, mais il en a été question à l’état-major de Richemont, et il est même possible que l’idée soit toujours en discussion : et si on annulait le SIHH ? Il semblerait que la proposition ait été lancée par le patron d’une célèbre manufacture de la vallée de Joux "les mauvaises langues disent que c’était une forme de poison pill pour ses successeurs].
Moi-même, j’ai d’abord cru que c’était une blague, mais la logique de la démonstration m’a ébranlé et m’a surtout démontré qu’un argumentaire précis avait circulé.
Premier facteur critique de cette argumentation : les dépenses du SIHH 2009 (qui se tiendra donc en janvier) seront intégrées dans les comptes de l’année fiscale 2008 (qui se termine en mars) et elles s’ajouteront donc aux dépenses du SIHH d’avril 2008. Deux SIHH dans la même année, quand on sait que ça peut coûter aux marques, c’est – au moins financièrement – une forme bénigne d’accident vasculaire cérébral. C’est surtout la certitude de présenter des comptes 2008 ultra-plombés, ce que déteste l’actionnaire.
Second facteur critique : les remontées directes du terrain. Bourrés jusqu’à la gueule de commandes 2008 déjà livrées mais toujours dans les vitrines faute de clients, de nombreux détaillants ont prévenu soit qu’ils ne viendraient pas à Genève, soit qu’ils ne commanderaient rien si la situation économique n’était pas plus lisible d’ici au mois de janvier [ce que rien ne permet d’espérer, au contraire !]. Dans ces conditions, à quoi bon dépenser des fortunes pour un profit commercial pour le moins médiocre. Quelques iconoclastes auraient, semble-t-il, osé se poser la question au plus haut niveau chez Richemont, soulevant d’abord une interrogation étonnée chez l’actionnaire, puis une réflexion pour le moins amusée sur la nécessité d’étudier ça de plus près.
Reste à savoir ce qui serait le plus coûteux : tout déboucler rapidement [tous les prétextes sont imaginables] ou prendre le risque de passer outre et de se « ramasser » ? Qu’est-ce qui serait le plus pénalisant en termes d’image : s’expliquer publiquement sur l’annulation ou gérer médiatiquement une régression annoncée et forcément remarquée de la fréquentation et des commandes ?
A moins, bien sûr, que cette « rumeur » ne soit qu’une intoxication habile des journalistes « mis dans le secret », pour lancer une sorte de ballon d’essai et tester la réactivité des troupes à une décision aussi retentissante que stratégiquement risquée. En attendant, dans les manufactures, tout le monde pédale à fond avec le nez sur le guidon…

••• Le vrai snobisme, c’est de ne pas être là quand tout le monde y est. Et vice versa. Qui ne sera cette année ni à Genève, ni à Bâle ? Pour l’instant, trois audacieux : Richard Mille, François-Paul Journe et Max Busser. Un beau comité de patronage, qui pourrait tenter d’autres marques de s’abstenir de salons que tout annonce assez modestement profitables…

••• On ne s’ennuie jamais chez Antiquorum. D’une part, Gerald Chase, l’actionnaire californien qui avait réussi à éjecter les racheteurs hongkongais, a décidé à son tour de quitter définitivement le board, laissant donc les mains totalement libres à Bob Maron, le nouvel investisseur.
D’autre part, les amateurs américains se posent des questions sur la sincérité de la vente Antiquorum du 16 octobre, à New York. Si la vente record de la Longines d’Albert Einstein (596 000 dollars, soit 2 000 % de l’estimation) ne soulève aucun commentaire désobligeant, il n’en va pas de même des enchères concernant de nombreux lots, que les fans de la marque auraient repéré, lors d’un récent watch show, dans les vitrines du même Bob Maron, qui est également un marchand spécialiste des montres vintage.
Les collectionneurs new-yorkais s’interrogeaient tout aussi ironiquement sur la réalité de l’adjudication à 1,5 million de dollars d’une Patek Philippe 2499 (lot 403), dont un modèle identique n’avait pas dépassé les 900 000 dollars chez Sotheby’s quelques semaines auparavant. Ironie d’autant plus marquée qu’il est de notoriété publique, chez ces collectionneurs, que ce lot 403 avait non sans peine changé de mains cet été, quand son propriétaire l’avait cédé pour 500 000 dollars à… Antiquorum ! Après la crise des subprimes, un amateur kamikaze se serait-il acquitté d’une surprime d’un million de dollars pour cette pièce ?
Enfin, il semblerait que la justice américaine ait exigé d’entendre, sous serment [ce qui est déterminant aux Etats-Unis, où on ne badine pas avec les faux témoignages], un ancien responsable financier d’Antiquorum Genève. Enregistrement vidéo à l’appui, ce dernier a dû expliquer tout ce qu’il savait de la gestion et des mouvements de trésorerie au sein de la maison d’enchères. Ces audiences contradictoires – en présence des avocats – étant publiques aux Etats-Unis, on attend avec impatience le compte-rendu officiel de cette séance.

••• Ambiance assez étrange, jeudi prochain (6 novembre), lors de l’inauguration officielle de la nouvelle manufacture DeWitt, à Meyrin, aux portes de Genève, en présence de Pierre-François Unger, conseiller d’Etat et chef du département de l’Economie du canton de Genève. Alors que Jérôme De Witt s’est éloigné de l’opérationnel pour ne plus se consacrer qu’à la gestion de l’image de la marque (produits et manifestations internationales), les échos qui remontent des marchés et des fournisseurs sont pour le moins convergents pour ce qui concerne la santé de la « manufacture du XXIe siècle », récemment reprise en main par Nathalie Veysset (ex-Crédit suisse, principal soutien bancaire de la marque)…

••• Etonnante cérémonie des prix d’horlogerie lors de la belle fête organisée à Genève par Montres Passion. Tant de belles montres sur les écrans et si peu de clients pour se les disputer dans les points de vente ! Tant d’auto-satisfaction dans la langue de bois corporate et si peu de conscience apparente des orages qui se profilent à l’horizon, aussi bien du côté des marques que des journalistes présents à cette cérémonie ! Tant de récompenses généreusement distribuées et si peu de courage médiatique dans le diagnostic d’une situation déjà pratiquement catastrophique ! Peut-être un ethnologue aurait-il ressenti cette célébration un peu autiste comme une grande messe expiatoire et un rituel collectif de dissuasion des fatalités cycliques susceptibles de frapper une communauté. La fête organisée voici deux semaines à l’UBS de Genève, pour présenter les montres sélectionnées par le jury du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, participait de la même logique d’exorcisation des mauvais démons de l’horlogerie (voir le lien ci-dessous)…

••• Quel contraste entre la sérénité (à peine un peu crispée) affichée par les dirigeants de l’horlogerie et la réalité du terrain telle qu’on la dépeint dans les points de vente ! Le cri du cœur d’un grand détaillant résume bien la situation : « Depuis six semaines, c’est bien simple, on ne vend rien, mais rien de rien ». Confirmation implicite dans les déploiements de méthode Coué opérés par les CEO : « Moi, ça va, mais je sais que les autres dégustent ». Comme chacun dit ça en confidence, on peut en conclure que ça sent le roussi pour tout le monde. A Paris, on compte les clients sur les doigts d’une main place Vendôme, surtout pour l’horlogerie [la haute joaillerie semble mieux résister]. Même constat rue du Rhône, à Genève, avec des points de vente désertés par les clients, chez Cartier, Breguet, IWC ou Jaeger-LeCoultre, où le personnel est déjà légèrement démoralisé par un été plus que médiocre [les « Arabes » de juillet-août ne sont plus ce qu’ils étaient]…

••• Quelques validations des informations dévoilées et anticipées par Business Montres :

• Confirmation de la reprise des principaux actifs du groupe Peace Mark dans toute la Grande Chine par le groupe hongkongais CTF (Chow Tai Fook), propriété du Dr Chang Yu Tung, qui reprend également l’usine de mouvements mécaniques de Shanghai et la marque Sea-Gull (révélation exclusive de Business Montres du 7 octobre, officiellement confirmée par un communiqué du 31 octobre)…
• Confirmation de la reprise de la marque suisse de haute horlogerie Milus par ce même groupe hongkongais CTF (exclusivité Business Montres du 7 octobre)…
• Confirmation du départ d’Olivier Muller de la direction de Villemont, marque désormais placée en sursis concordataire (révélation de Business Montres du 13 octobre)…
• Confirmation de la création par Chopard d’une manufacture de mouvements, Fleurier Ebauches (avant-première Business Montres du 30 octobre)…
• Confirmation de l’association entre Hublot et le club de football Manchester United (avant-première Business Montres du 30 octobre)…

 



Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved

Indexé sous  WebC-I® - Réalisation Events World Time