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Ce qu’on peut retenir de l’actualité horlogères de ces derniers jours, pour le meilleur comme pour le pire !
••• ET D’UN DEMI ! Un demi-échec – ou un demi-succès – pour le nouvel invité à la table des maisons d’enchères spécialisées dans les montres : Dents & Co Auctions est une création de Nicolas Mauboussin (ex-Antiquorum Paris), qui a récemment procédé à sa première dispersion spécialisée (www.densauctions.com).
Les résultats sont pour le moins mitigés. Sur les 98 lots, dont beaucoup ne manquaient pas d’intérêt [quelques pièces uniques Patek Philippe et Breguet], seuls 50 ont trouvé preneur, avec un modeste total de 566 000 euros sous le marteau. Quelques bonnes surprises [plusieurs lots Breguet ont crevé le plafond des estimations], mais beaucoup trop de déceptions : soit la France reste une terre ingrate pour les enchères de montres [les ventes de Jacques Tajan-Artcurial tendraient à prouver le contraire], soit les amateurs internationaux ont la tête ailleurs et la profession a du souci à se faire pour les grandes ventes genevoises de novembre ! Auction, ton univers impitoyable…
••• ET D’UNE ! Une montre présidentielle, bien sûr ! La grande question de cette semaine – celle à laquelle vous n’échapperez pas – concerne évidemment Barack Obama : quelle montre porte l’élu du peuple américain ? Son prédécesseur se flattait d’une Timex qu’il avait d’ailleurs réussi à se faire dérober par un pickpocket est-européen !
Le nouveau président a au moins deux montres homologuées. Il portait, avant la campagne électorale, une vieille TAG Heuer 1500 or/acier [modèle à quartz des années quatre-vingt-dix]. Ses nouveaux anges gardiens du Secret Service lui ont offert un chronographe Secret Service [private label : ci-dessus] en 42 mm, tout aussi électronique et China Made (mouvement Miyota), qui est vendue à peu près 210 dollars (165 euros/235 CHF) à la cantine des fonctionnaires de l’United States Secret Service.
Après son entrée à la Maison-Blanche, on lui offrira certainement la Vulcain Cricket (réveil) désormais traditionnelle chez les présidents américains [c’est généralement un cadeau des importateurs de montres suisses] et, quand il aura quitté le bureau ovale et qu’il aura créé sa fondation personnelle, comme Bill Clinton, il serait bien étonnant qu’Audemars Piguet ou une autre marque de luxe ne lui consacre pas une série limitée…
••• ET DE TROIS ! Trois Cabestan dans l'avion pour Singapour. Tout finit par arriver, même la Cabestan dans les vitrines horlogères. Après pratiquement quatre ans d’efforts, les premières pièces viennent d’être livrées à Singapour [chez Iafriro, où Iwan Hew n’en pouvait plus de faire patienter ses clients devenus fébriles à l’idée d’en porter une en première mondiale], après avoir été vérifiées une dernière fois dans la nuit, emballées dans leur écrin et préparées comme des jeunes mariées pour leur nuit de noces.
Pour venir à bout de cette concept watch, qui est « dans les tuyaux » depuis la fin 2004 [et qui a été refusée par beaucoup de marques, parce que trop en avance à l’époque], il aura fallu l’intervention décisive d’Eric Coudray, l’ex-horloger fétiche de Jaeger-LeCoultre, parti au printemps 2008 s’aérer la tête et les poumons dans la start-up de Jean-François Ruchonnet, qui lui a installé une nano-manufacture à L’Orient (vallée de Joux), où chacun travaille à l’ancienne, dans une ambiance de phalanstère qui convient parfaitement au caractère anarcho-horloger d’Eric Coudray [créateur, entre autres, des deux Gyrotourbillons de Jaeger-LeCoultre].
Parrain officieux de cette Cabestan by Eric Coudray, qui n'a plus grand-chose à voir avec la Cabestan initiale, à part le style : Philippe Dufour en personne, le « maître » s’affirmant proprement bluffé par le tour de force qu’ont été la remise à plat, la remise au point et la remise dans le commerce d’un tel mouvement en seulement quatre mois. Une appréciation qui vaut bénédiction urbi et orbi aux yeux des amateurs du monde entier. Surtout avec l'engagement personnel d'un Eric Coudray dans l'exécution impeccable du mouvement…
••• ET DE QUATRE ! Quatre mains dans la confiture horlogère. Retour dans la presse horlogère de Bastien Buss (ex-Le Temps à Genève), qui avait pris une année sabbatique et qui revient, en pleine crise du luxe, pour se partager les pages montres de L’Agéfi (Suisse) avec Stéphane Gachet. Ce sera donc une chronique horlogère à quatre mains. Soit un fauteuil pour deux... des meilleures plumes spécialisées du paysage horloger européen, chacune de ces plumes s'exprimant dans un style différent, mais toujours avec un vif souci d’indépendance. Des journalistes, quoi…
••• ET DE QUATRE ET DEMI ! Quatre ans et demi fermes : c’est la peine de prison infligée à Jean-Pierre Jaquet dans le procès des « Pieds Nickelés » de La Chaux-de-Fonds, malfrats « pour la plupart plus maladroits que méchants » selon les propres termes du jugement !
Cinquante-quatre mois fermes pour avoir « porté atteinte à l’image de la place horlogère », c’est quand même beaucoup et cher payer le recel (contesté) de quinze kilos d’or et la « gestion déloyale » d’une petite manufacture créative. D’autant que la « place horlogère » a déjà vu [et verra sans doute] son image écornée par des scandales bien plus marquants !
Convaincu de « brigandage aggravé », Jean-Pierre Jaquet (ci-dessus) a peut-être fâché le tribunal par sa « grande gueule » [c’est sa nature !], mais il l’a sûrement irrité par la supériorité de son intelligence, indigne de cette « conjuration des imbéciles ». La sanction n’en reste pas moins disproportionnée pour un dossier qui relevait plutôt de la délinquance économique [la partie braquage n’impliquait pas directement celui qu’on appelait le Pharaon du temps où les marques de montres lui mangeaient dans la main]…
••• ET DE HUIT ! Huit horlogers engagés dans les prochaines Louis Vuitton Pacific Series, véritable répétition générale de la future 33e America’s Cup [attention, tous les contrats de la 32e America’s Cup n’ont pas forcément été resignés, mais les logos seront toujours sur les tenues] : Omega (Emirates Team New Zealand, Nouvelle-Zélande), Hublot (Luna Rossa, Italie), Girard-Perregaux (BMW Oracle, Etats-Unis), Saint-Honoré (K-Challenge, France), Sector (Mascalzone Latino, Italie), TAG Heuer (China Team, Chine), Breil (Team Shosholoza, Afrique du Sud) et Audemars Piguet (Alinghi, Suisse).
Six équipes attendent encore leur horloger de référence : deux italiennes, une française, une grecque, une anglaise et une allemande…
••• ET DE QUARANTE ! Quarante millions de dollars dans la balance ! Antiquorum affirmait qu’Osvaldo Patrizzi devait personnellement l’équivalent de 40 millions de dollars à sa propre maison d’enchères.
David Smith avait été nommé directeur financier d’Antiquorum après l’éviction d’Osvaldo Patrizzi [il avait donc été chargé d’instruire à charge le dossier des malversations dont on accusait l’ancienne direction pour justifier son limogeage]. Il l'a solennellement affirmé sous serment à un juge californien : « There is nothing in the audited accounts of the company ».
Autrement, on passe de quarante millions à zéro : Antiquorum ne doit plus en être à 40 briques près...
Comme le témoignage contradictoire de David Smith a été enregistré sous serment, devant les juges de Californie [sans doute plus indifférents que ceux de Genève aux qu'en dira-t-on local], il est publié sur le site Internet officiel de la Cour centrale de Californie.
On peut l'estimer dévastateur pour Antiquorum : ce témoignage de de l'ex-CFO précise clairement que Yo Tsukahara, l'actuel CEO, savait que cette histoire de 40 millions « volés » par Osvaldo Patrizzi ne tenait pas la route !
C'est peut-être la raison qui pourrait expliquer pourquoi David Smith a été remercié dès ce printemps par la nouvelle direction d'Antiquorum...
« Il n’y a rien dans le dossier », confirme donc David Smith, l’homme qui connaît le mieux tous les chiffres de l’après-Patrizzi.
Dans ce cas-là, comment justifier l’acharnement d’Evan Zimmermann (Etats-Unis) et de Yo Tsukahara (Genève) contre leur ancien « ami » Patrizzi ? Et les calomnies anti-Patrizzi répandues dans la presse à l'inspiration des nouveaux dirigeants d’Antiquorum et de leur défenseur ? L'explication avancée par Osvaldo Patrizzi [un putsch réussi par les Japonais leur aurait évité de lui verser les salaires qu'on lui devait et les millions qui restaient à payer sur le solde de la vente d'Antiquorum] reprend dès lors de la consistance...
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