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A Baselworld, chacun cherche sa smartwatch
 
Le 30-03-2015
de SOJH® - Expositions

Une dizaine de montres connectées ont été présentées pendant la semaine de Baselworld. Les horlogers prennent des directions très différentes. Avec une constante: personne ne veut faire de téléphones de poignet. Si tous ne se lancent pas, aucun ne ferme définitivement la porte

Ecrivons-le tout net: cela part dans tous les sens. A Baselworld, qui s’est terminé jeudi, une dizaine de montres connectées ont été présentées. Les fonctions «santé», les mesures du pouls, des pas, des calories dépensées ou du sommeil dominent. Mais les déclinaisons sont multiples. Swatch et Tissot misent sur le paiement sans contact. Bulgari fait le pari de l’encryptage. Breitling, celui de l’aviation. Tandis que TAG Heuer vise une production de masse et de luxe à la fois. En bref, chacun cherche sa propre voie.

«Cette année à Bâle, on a pu constater que la technologie était définitivement entrée dans le monde de l’horlogerie. L’an dernier, tout le monde s’en moquait. Ce n’est plus le cas», constate Pascal Koenig. Pour le directeur de Smart­watch Group – un think tank de référence dans le secteur –, l’actuel patron de TAG Heuer, Jean-Claude Biver, est à ce titre un bon exemple. «Il était encore très sceptique en 2014. Cette année, il annonce un partenariat avec Google et Intel…»

Un temps dédaigné par certains, le phénomène ne peut donc plus être ignoré. Dans les stands bâlois, il en a été question durant chaque cocktail, chaque conférence de presse et chaque interview. Et même avec les marques qui n’annonçaient aucun produit – ou dont le positionnement semble à mille lieues de ce segment de marché –, on parlait «smartwatch».

L’emblématique patron de Longines, Walter von Känel, en est un parfait exemple. «Pour le moment, je n’ai rien dans les tuyaux. Mais je suis heureux de voir que d’autres marques de la famille (Swatch Group) investissent», racontait-il. Dans une fourre plastifiée – qui prouve pourtant que les enjeux d’Internet et de la numérisation ne sont pas ses priorités –, il exhibe plusieurs articles de presse évoquant la montre connectée. «Je suis cela de très près…!» Il estime que «les barons» de ce produit resteront les géants du secteur comme Samsung ou Apple. Mais se réjouit de voir que nombre de concurrents s’attaquent à ce marché. «Cela pénalise leur budget publicité…»

Chez Maurice Lacroix, on observe. On attend de voir si ce nouveau marché prend vraiment son envol. Et surtout, dans quelle direction. Une étude a recensé 22 catégories de besoins, relate le patron, Stéphane Waser. Qui avance une certitude: «Il faudra nouer des partenariats.» A l’image, peut-être, de Jean-Claude Biver, qui a lié le destin de TAG Heuer avec celui de deux géants technologiques américains. Mais n’a-t-il pas fait entrer le loup dans la bergerie, comme s’en inquiètent déjà des observateurs? Non, affirme Pascal Koenig. «Il faut être réaliste: même Swatch n’arrivera pas à imposer son propre système d’exploitation. Il est impératif de s’allier avec ces géants…»

Le spécialiste zurichois souligne par ailleurs une distinction qui s’est vérifiée durant le salon. Deux grandes catégories de montres connectées sont en train d’émerger. La première, dont fait partie le modèle d’Apple, regroupe les montres disposant d’un écran et fournissant un accès à un magasin d’applications. Que pourront notamment développer les utilisateurs. «Il s’agit d’une approche basée sur la plateforme, à l’image des smartphones, avance Pascal Koenig. C’est la voie que semble emprunter également TAG Heuer avec son partenariat. Ces montres toucheront un large public.» En face, un marché de niche. Que s’approprieront bon nombre d’horlogers suisses à l’image de Tissot ou Frédérique Constant. Ceux-ci offriront des services spécialisés, dans des secteurs bien délimités, mais sans être des «téléphones de poignet», comme le résume le patron de Bulgari (voir ci-dessous).

Toutefois, à l’exception de Swatch et de sa Touch Zero One, ainsi que Frédérique Constant et sa marque sœur Alpina – qui livreront des premiers modèles connectés début juin –, les autres n’en sont encore qu’au stade des prototypes. Leurs premières ventes ne sont pas attendues avant la fin de l’année. «Ils ont visiblement jugé qu’il était important de montrer qu’ils seraient de la partie avant que les montres d’Apple ne débarquent», observe un patron horloger rencontré à Bâle. Mondaine, qui a acquis la technologie développée par Frédérique Constant et qui présentait aussi un prototype connecté, avoue avoir débuté le processus il y a moins de deux mois.

Certains évoquent déjà de premiers résultats. Le plus avancé d’entre eux, Frédérique Constant, fait part d’un bilan plus que positif, à l’issue de la semaine bâloise. L’engouement de départ – ses smart­watches avaient été présentées fin février – s’est fortement confirmé, indique la marque genevoise. Ses montres connectées, ainsi que celles de sa société sœur Alpina, ont été commandées par des clients de plus de 100 pays différents. Les quantités sont bien supérieures aux attentes. Si bien que son patron, Peter Stas, confirme être en train de doubler la production initiale.

Autour du stand bâlois de la marque, on a vu plus de jeunes qu’à l’accoutumée. Des adolescents de 14, 15 ou 16 ans qui, pour une fois, semblaient plus intéressés par la marque que leurs parents. Anecdotique? Ou peut-être révélateur d’une tendance en laquelle tous les patrons horlogers croient, y compris ceux qui ne se lancent pas (encore) dans l’aventure: la smartwatch pourrait donner l’envie à la nouvelle génération de porter (à nouveau) une montre au poignet. C’est l’espoir commun de tout un pan du secteur horloger, à l’exception du très haut de gamme: que les montres connectées créent un nouveau marché. Qui n’aura pas d’impact sur celui des garde-temps traditionnels.

Valère Gogniat et Servan Peca
LE TEMPS

 



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