Le fleuron de Swatch accusé de monopole
 
Le 01-12-2008

ETA, qui fabrique les mouvements horlogers de très nombreuses marques de montres, se voit reprocher une politique de prix injuste.

ETA est une nouvelle fois en conflit avec sa clientèle. La manufacture horlogère appartenant à Swatch Group doit subir cette offensive après qu’elle a introduit pour ses mouvements une nouvelle politique de prix, ce qui a entraîné le dépôt de plusieurs plaintes.? Du coup, la Commission de la concurrence (Comco) a ouvert une enquête préalable pour déterminer si ETA bénéficie d’une position dominante sur le marché des mouvements et si elle en a abusé. Ce n’est pas la première fois que le fabricant de composants horlogers est dans le collimateur de la Comco. Il a déjà suscité des remous ces dernières années au sujet de ses ébauches (pièces détachées), qui représentent une petite partie de sa production. Mais l’enquête lancée lundi concerne les mouvements, ces assemblages complets qui font tourner les aiguilles et qui constituent le cœur de métier d’ETA. Les clients ont appris dernièrement des hausses de tarifs et des changements dans les conditions de paiement dès 2009. ETA a introduit pour ses mouvements mécaniques des hausses de prix allant jusqu’à 15% selon les modèles, a expliqué Béatrice Howald, porte-parole de Swatch Group. Les clients faisant partie du géant horloger sont autant concernés que les externes. Sur le plan des conditions de paiement, les modifications touchent la relation entre délais et rabais. Par exemple, payer en dix jours au lieu de trente pour obtenir une ristourne n’est plus possible.

«Transparence totale»
Swatch Group dit rester confiant face aux questions des enquêteurs: «Nous pouvons leur expliquer avec une transparence totale les raisons de ces adaptations», affirme sa porte-parole. ETA a vu ses propres coûts augmenter tant au niveau de la facture des matières premières que de ses investissements. Ni la Comco ni Swatch Group n’ont lâché le moindre indice sur les entreprises qui ont déposé plainte et leur nombre exact. Aucune mesure provisionnelle n’est prévue pour l’instant, a dit Patrick Ducrey, vice-directeur de la Comco. Une mesure provisionnelle intervient en cas de péril avéré et imminent pour les plaignants, comme c’était le cas en 2002. Des fabricants de mouvements dépendant des ébauches d’ETA s’étaient alors retrouvés sous pression face à la décision de ce dernier de cesser les livraisons à tout client n’appartenant pas à Swatch Group. Le litige avait pris fin en 2004 avec un accord à l’amiable. La Comco avait signifié à ETA que cette interruption des relations commerciales était illicite, vu sa position dominante sur ce marché.

Tribune de Genève

 

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