Roger Smith: nouvelle marque
 
Le 12-04-2007

A sa sortie de l'école d'horlogerie, le jeune Smith s'attela à fabriquer une montre de poche à échappement tourbillon qu'il décida, avec beaucoup d'aplomb, de montrer à celui qui était à l'époque considéré comme le plus grand horloger vivant: George Daniels.

Il se rendit sur l'île de Man, où résidait Daniels, et lui montra sa réalisation en lui expliquant qu'elle était l'œuvre d'une année entière. Daniels ne fut pas impressionné et lui asséna que sa montre faisait trop «fait main dans le mauvais sens du terme». Daniels lui expliqua qu'une montre faite main se devait d'être à ce point parfaite qu'on l'eût crue tombée du ciel! Il renvoya alors gentiment Smith à son établi en lui recommandant de retravailler sa finition.

Smith se remit alors au travail et décida de créer une deuxième montre de poche à tourbillon et quantième perpétuel dont la réalisation prit en tout et pour tout cinq ans. Ce délai ne s'explique pas par la difficulté des complications mais du fait qu'il n'hésitait pas à recommencer à zéro chaque fois que la finition ne lui paraissait pas correspondre à la définition de Daniels. Une fois la fabrication achevée, Smith reprit le chemin de l'île de Man. Cette fois, son idole trouva la montre «bien faite». Satisfait de cette appréciation laconique mais qui signifiait bien plus dans la bouche de Daniels, Smith retourna en Angleterre pour travailler sur la réparation et la restauration de pièces anciennes.

Son destin prit un tournant radical lorsque George Daniels lui demanda de venir s'installer sur l'île de Man et de travailler avec lui sur la fabrication d'une série de 50montres-bracelets qui devaient incorporer le nouveau mouvement automatique à échappement co-axial. C'était la chance d'une vie que de travailler et d'apprendre auprès de ce grand maître, d'autant que Daniels n'avait jamais eu de collaborateur et n'en eut pas d'autre après lui.

Lorsque le projet fut achevé, trois années s'étaient écoulées, et Smith était alors décidé à lancer sa propre production de montres typiquement anglaises. Il s'installa pour de bon sur l'île de Man et se mit à fabriquer des pièces sur commande. Il lança une première production en série limitée sous le nom de Series 1. Douze pièces rectangulaires avec date rétrograde. Devant le succès de ce premier modèle, il se lança dans la création d'une montre fait main qui démontrerait toute la richesse de l'artisanat britannique: la Series 2. Intégrant l'échappement co-axial originel développé par Daniels, 90% de la montre, y compris l'échappement, fut créé dans les ateliers de Smith (38 ans).

La Series 2 est extrêmement classique dans sa construction et son design, avec visiblement une influence Breguet dans le cadran guilloché main – ce qui n'est pas surprenant lorsque l'on sait que Daniels est, entre autres, reconnu comme étant le plus grand spécialiste Breguet. Plus rare encore, les chiffres sont gravés, évidés et ensuite remplis d'encre, ce qui donne au cadran un aspect encore plus travaillé. Le mouvement, lui, est un pur produit de l'horlogerie traditionnelle britannique, avec une finition brossée.

Les premières Series 2 devaient être livrées à l'été 2006 mais le seront plus probablement durant l'année 2007. Smith va produire environ 15 pièces par an.

Le Temps

 

Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved