Les montres suisses sont désormais à l’heure de la crise
 
Le 22-12-2008

Après le coup de frein de novembre, pour la première fois depuis plus de trois ans, la croissance des ventes horlogères à l’étranger sera inférieure à 10%.

Il fallait bien que cela arrive un jour. Annualisée, la croissance des exportations horlogères a passé pour la première fois depuis plus de trois ans sous la barre des 10%. En novembre, les ventes à l’étranger ont chuté de 15,3% par rapport au même mois de l’an dernier, à 1,5 milliard de francs. Ce coup d’arrêt porte ainsi la progression annuelle à 8,7%. «Les exportations horlogères n’ont pas résisté longtemps», constate ainsi la Fédération horlogère (FH), qui ajoute que ce sont en fait 500 000 pièces en moins qui ont quitté la Suisse le mois dernier (-17,4%). Reste que, tempère son président Jean-Daniel Pasche, «2008 sera paradoxalement toujours une année record». Quoi qu’il arrive en décembre. Jamais, en effet, on n’avait vendu autant de Swiss made horloger dans le monde.

DeWitt restructure

L’horlogerie suisse a donc été rattrapée par le coup de frein qu’a subi l’économie mondiale. Et le mouvement n’est pas visible que dans les chiffres. Depuis quelques semaines, les annonces se multiplient et l’on voit réapparaître des mesures de chômage partiel, voire des licenciements. Dernière en date, la maison genevoise DeWitt se sépare de 5 de ses 77 collaborateurs. Significatif: ce sont surtout des postes administratifs qui sont supprimés. Autre point significatif: l’incrimination du manque absolu de visibilité pour 2009. Comme d’autres marques, les livraisons DeWitt ont baissé «de façon tangible» depuis septembre. Et la firme de pointer du doigt les marchés américain et russe.
Les statistiques de la FH quantifient ainsi la baisse en novembre: -17% pour Hong Kong, qui pèse 16% du total, ou encore -24,8% pour les Etats-Unis (13,2% du total). Le Japon poursuit son recul. «Il est difficile, mais reste notre troisième marché», précise Jean-Daniel Pasche.

Situées dans le très haut de gamme, les montres DeWitt maintiennent leur objectif pour 2009. Malgré l’absence de visibilité. Pour la FH, décembre devrait voir se poursuivre le mouvement amorcé en octobre. Et après? Comme ailleurs, bien malin qui pourra répondre. Dans une interview récente à Reuters, le patron de TAG Heuer, Jean-Christophe Babin, parle de ventes stables, voire en légère hausse en décembre, mais en l’absence des résultats de ses revendeurs, il se refuse à toute généralisation. Il évoque en revanche des ventes stables, voire légèrement négatives l’an prochain. Lui qui ne s’attend «pas à une chute brutale».

Certains segments sont-ils plus touchés que d’autres? Si, en novembre, comme l’affirme la FH, «le recul a touché toutes les matières, à l’exception du platine, l’acier a joué un rôle important dans la baisse». Dans les gammes de prix, la chute la moins forte a été enregistrée dans les pièces de plus de 3000 francs (-5,4%), alors que la plus violente a touché celles entre 500 et 3000 francs (30%).

L’export recule dans son ensemble

Outre l’horlogerie, troisième branche exportatrice du pays, l’ensemble des ventes suisses à l’étranger a régressé en novembre (-11,4% en termes réels à 16,61 milliards de francs). A noter un recul de 15,4% des exportations vers l’Allemagne, principal partenaire commercial de la Suisse. Un pays qui entrevoit une baisse pouvant aller jusqu’à 3% de sa croissance l’an prochain. Signe des temps, hier, l’indice Ifo, mesurant la confiance des industriels, chutait à son plus bas depuis la réunification. Mais pour l’horlogerie, ce marché était encore en croissance en novembre.

ANNE GAUDARD
Tribune de Genève

 

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