Quatre ans de prison pour l'auteur du casse du musée Girard-Perregaux
 
Le 19-01-2009

Seul un des trois accusés était présent au procès. Les deux autres sont en fuite.

L'un des trois auteurs du brigandage du musée Girard-Perregaux, accusé d'avoir volé 105 montres de luxe en 2007 à La Chaux-de-Fonds, a été condamné hier à quatre ans de prison par la Cour d'Assises de Neuchâtel. Seul prévenu en mains de la justice, il a chargé ses compères en fuite de l'entière responsabilité du casse. En vain.



«Il est impossible que Marek* n'ait pas été au courant de ce qui se tramait. Il ne pouvait pas ignorer le scénario du brigandage. Il a agi dans le cadre d'un plan, un coup de professionnels», a affirmé hier soir le président de la Cour d'Assises de Neuchâtel, Niels Sörensen.

A l'heure du verdict, la plus haute instance judiciaire du canton a condamné Marek, Serbe de 32 ans, à quatre ans de prison ferme. Il a été reconnu coupable du vol de 105 montres de luxe au musée Girard-Perregaux de La Chaux-de-Fonds, en 2007.

Le 5 juillet au matin, trois individus se rendent à la villa Marguerite. Tandis que Marek fait le guet, ses deux acolytes se font ouvrir les portes du musée en se faisant passer pour des livreurs de DHL. Ils ligotent la concierge, puis s'emparent d'un butin d'une valeur de «plusieurs millions de francs». Marek et l'un de ses compères, Novak*, se font arrêter en France voisine, et le butin y est retrouvé au pied d'un chêne (lire l'encadré). Le «cerveau» de l'opération disparaît. Un an plus tard, Novak s'évadera de la prison de La Chaux-de-Fonds, bénéficiant de l'aide d'un réseau extérieur.

Résultat: Marek était le seul auteur du casse présent hier devant la Cour d'Assises. «Je n'étais pas au courant du brigandage. Quand j'ai compris que mes deux partenaires avaient agressé une personne, j'ai eu envie de tout laisser tomber.» Marek a tenté de minimiser son implication dans le casse, en chargeant ses compères en fuite de la responsabilité de l'opération. «C'est la première fois que je participe à un cambriolage», a-t-il déclaré. Ce à quoi le président a répliqué, en lui rappelant qu'il venait d'admettre un autre cambriolage en Autriche.

L'avocat de Marek a tenté de prouver que son client n'était qu'un «complice», et non un auteur. «Il n'est pas un professionnel du crime. La façon dont il s'est fait arrêter en France le prouve!» Il a estimé qu'une peine de 18 mois de prison était suffisante.

Le procureur général Pierre Cornu a alors rappelé que Marek avait été le chauffeur du brigandage, qu'il avait «recueilli le butin». «Et c'est lui qui l'a caché!» Pierre Cornu a assuré que le casse avait des caractéristiques du crime organisé: «Une préparation minutieuse, une exécution brutale, la loi du silence sur l'identité du cerveau de l'affaire.» Il a requis cinq ans de prison contre Marek, et 6 ans et demi contre Novak, jugé par défaut.

Finalement, la Cour d'Assises a admis une responsabilité évidente de Marek. Elle l'a condamné à quatre ans de prison pour brigandage et dommage à la propriété, dont à déduire les 18 mois qu'il a déjà passés en préventive. Elle a condamné son compère fugueur Novak à 5 ans et demi pour brigandage, dommages à la propriété et vol. Marek devra s'acquitter de 2500 francs d'indemnité pour tort moral à l'encontre de la concierge agressée.

Un verdict qui laisse un goût d'inachevé, les deux principaux auteurs ayant pris la poudre d'escampette. «L'évasion de la prison de La Chaux-de-Fonds est d'ailleurs peu glorieuse pour la police neuchâteloise», a déclaré Pierre Cornu. «Des gardiens avaient intercepté une lettre qui décrivait la prison et ses environs. La police aurait donc pu prendre quelques précautions...» /VGI

*Prénoms d'emprunt

Chronologie d'une saga rocambolesque
Casse en plein jour Le 5 juillet 2007 aux alentours de 9 heures, trois individus s'emparent de 105 montres exposées au musée Girard-Perregaux, à La Chaux-de-Fonds.

Fuite semi-ratée Les trois braqueurs s'enfuient en France et tentent de brouiller les pistes en utilisant trois véhicules différents. Deux d'entre eux tombent dans un barrage de police et se font arrêter. Le troisième, le prétendu «cerveau», disparaît définitivement par l'aéroport de Roissy, à Paris.

Montres récupérées sous un chêne Le 7 juillet, les enquêteurs retrouvent les montres volées, intactes, dans un taillis au pied d'un chêne, en France voisine.

Disparition de prison Le 15 juillet 2008, soit après une année de détention préventive, l'un des compères arrêtés s'évade de la prison de La Chaux-de-Fonds après avoir scié les barreaux de sa cellule. A l'heure actuelle, il est toujours introuvable.

Mystère autour de l'évasion Ni la police ni les autorités judiciaires n'indiquent aux médias que le prévenu qui s'est évadé de prison n'est autre que l'un des auteurs du brigandage Girard-Perregaux. Les médias ne l'apprendront que quatre mois plus tard, au moment de l'ouverture du procès.

Unique auteur à être jugé Le 10 novembre dernier, le seul auteur du brigandage qui ne soit pas parvenu à prendre la poudre d'escampette comparaît en audience préliminaire devant la Cour d'Assises. Il admet avoir participé à l'expédition, mais minimise son rôle dans le brigandage.

Virginie Giroud
www.arcinfo.ch

 

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