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Les ventes du numéro un mondial du luxe ont stagné au quatrième trimestre. Sur 2008, son résultat opérationnel a progressé de 6 %, à 3,62 milliards d'euros. Le groupe n'exclut pas des réductions d'effectifs dans l'horlogerie-joaillerie.
Touché mais pas coulé. LVMH, le propriétaire de Louis Vuitton, Dior, Moët et Chandon (ainsi que des « Echos »), a, lui aussi, été affecté par la crise mondiale. Mais, contrairement à ses concurrents, comme Richemont ou Tiffany, dont les ventes ont plongé en fin d'année, celles du numéro un mondial du luxe sont restées stables au quatrième trimestre. Elles ont légèrement progressé de 0,1 % à taux de change comparable et sont en hausse de 4 % en données publiées, à 5,2 milliards d'euros. Deux secteurs sont toutefois en recul. Le pôle montres et joaillerie d'abord, avec les marques Tag Heuer, Zénith ou Chaumet. La désaffection de la clientèle pour ces modèles haut de gamme a provoqué une baisse de 9 % du chiffre d'affaires sur cette période. Les vins et spiritueux ont, eux aussi, souffert en fin d'année (- 5 %). Le champagne, en particulier, a trinqué aux Etats-Unis, où les ventes ont plongé de 20 %.
Reste qu'au global LVMH a plutôt bien résisté aux turbulences, « dans un environnement tel que nous n'avons pas connu depuis vingt ans, comme l'a souligné hier soir son PDG, Bernard Arnault. Les résultats 2008 illustrent la réactivité exceptionnelle de notre organisation en cette période de crise. Le groupe s'est toujours renforcé dans les crises précédentes grâce à la dynamique d'innovation de ses marques et à la qualité de ses produits. »
Sur l'ensemble de l'année 2008, le chiffre d'affaires progresse de 7 % à périmètre comparable, à 17,2 milliards d'euros, et de 4 % en données publiées. C'est la croissance la plus faible en cinq ans. Le bénéfice net part du groupe est resté stable, à 2,3 milliards, tandis que le résultat opérationnel courant (ROC) affiche une hausse de 6 % en données comparables (+ 2 % en données publiées), pour s'établir à 3,62 milliards. En 2007, le ROC avait progressé de respectivement 20 % et 12 %. Le taux de marge opérationnel atteint 21 %.
Une solide position financière
Cette capacité à faire face à la tempête tient avant tout à la diversité des métiers de LVMH : la mode et la maroquinerie poussées par le navire amiral du groupe, Louis Vuitton, comme les parfums et cosmétiques, tirés par Dior ou encore Sephora, qui ont enregistré des progressions l'an dernier, tandis que les montres et les spiritueux marquaient le pas. Autre atout du groupe : sa diversité géographique qui lui permet d'amortir la crise, même s'il reste très exposé aux Etats-Unis (23 % de son activité). Le champion tricolore mise, en particulier, sur l'Asie (hors Japon), qui a tiré les ventes à l'international en 2008 (+ 19 %), et en particulier la Chine, qui est devenu le premier marché d'Hennessy l'an dernier, tandis que le Japon accuse un recul de 10 %.
Reste que pour parvenir à maintenir sa rentabilité, le groupe a donné dès les premiers signes de la crise des consignes de réduction des coûts, surtout dans la gestion quotidienne de ses structures. Il n'exclut plus aujourd'hui des restructurations, notamment dans l'horlogerie-joaillerie, ou un plan de réduction des effectifs est à l'étude. « Il sera léger », a assuré Bernard Arnault, alors que Chanel et Tiffany ont déjà annoncé des suppressions de postes. LVMH avait déjà renoncé à un projet de magasin pour Vuitton au Japon en fin d'année. Les investissements stratégiques seront maintenus, assure-t-on en interne, à l'exemple des grandes campagnes de publicité prévues pour Vuitton avec Madonna ou pour Dior avec Marion Cotillard.
Pour 2009, Bernard Arnault n'a pas donné d'objectif chiffré hier soir, si ce n'est « d'accentuer son avance sur le marché mondial du luxe ». Pour conquérir de nouvelles parts de marché, il n'exclut plus la croissance externe. « Nous verrons si des opportunités se présentent à des «prix cassés» », a lâché le dirigeant. Le leader du luxe détient une solide position financière. Le taux d'endettement sur capitaux propres ressort à 28 %, contre 25 % en 2007 (une hausse notamment liée à l'acquisition de l'horloger Hublot), et le groupe dispose d'une ligne de crédit de 3,4 milliards. De quoi acheter de belles marques malmenées par la crise.
Les Echos
Dominique Chapuis |