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La marque de haute horlogerie du Swatch Group a déposé les plans de sa nouvelle manufacture au Crêt-du-Locle.
Jaquet Droz réunira dès l’an prochain dans ce bâtiment une grande partie de ses métiers et collaborateurs. Et sans craindre la crise actuelle.
Plus qu’un bâtiment. Un symbole. La construction de la nouvelle manufacture Jaquet Droz est mise à l’enquête publique à La Chaux-de-Fonds. Les travaux débuteront en mars au Crêt-du-Locle. L’an prochain, la marque de haute horlogerie pourra transférer ses collaborateurs et la plupart de ses métiers - aujourd’hui dispersés - dans cet édifice de verre et de béton. Le bâtiment sur trois niveaux se dressera entre Neode, Cartier, Patek Philippe et Greubel Forsey. Le projet était dans l’air depuis deux ans au moins.
A l’heure où bien des marques horlogères réduisent la voilure et font profil bas, l’ambition de Jaquet Droz détonne un peu. «Ce bâtiment, c’est pour nous plus qu’un nouveau lieu de production. C’est le signal que nous avons confiance en notre avenir», souligne Manuel Emch. Selon le patron de la marque, celle-ci est avantageusement positionnée pour faire face à la crise. «Bien sûr, cette période
est plus «challenging». Mais notre force, c’est d’avoir pu créer une identité forte, en établissant des passerelles entre notre histoire datant du 18ème siècle et aujourd’hui. Ces passerelles se situent à des niveaux techniques, mais aussi émotionnels et philosophiques. En fait, on a su se réinventer au bon moment», résume Manuel Emch.
La marque capitalise certes sur le nom de Pierre Jaquet Droz, le génie des complications, qui avait notamment conçu les trois automates du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel. Mais la marque, rachetée en 2000 par le Swatch Group et transférée dans son berceau historique de La Chaux-de-Fonds, s’est rapidement choisi un positionnement. Entre tradition et modernité, entre savoir-faire séculaire (complications, émaillage grand feu des cadrans) et matières d’aujourd’hui comme les céramiques, notamment.
La gamme de modèles, épurés mais aux entrailles à forte valeur ajoutée, table sur une recherche de l’exclusivité, notamment au travers de certaines matières extrêmement rares pour confectionner les cadrans. Une philosophie qui plaît désormais à une nouvelle clientèle en marge des traditionnels collectionneurs: Artistes, architectes, créateurs sont sensibles au lien unique qu’ils peuvent tisser avec leur montre Jaquet Droz.
On estime la production annuelle de la marque à 2’500 exemplaires, souvent des pièces uniques dont les prix s’échelonnent entre 8’800 francs et 400’000 francs. Le volume à disposition dans le futur bâtiment (dont l’investissement est gardé confidentiel) peut garantir une croissance future. Rapidement, 80 personnes vont en tout cas s’y installer. Car en 2010 déjà, Jaquet Droz ambitionne de sortir son propre mouvement.
Revue FH
Patrick di Lenardo |