Internet fait exploser le marché des contrefaçons
 
Le 12-03-2009

Véritable fléau pour l'horlogerie suisse, la contrefaçon représenterait 40 millions de pièces, selon la Fondation pour la haute horlogerie.

La douane peut-elle vraiment endiguer ce fléau pour l'industrie horlogère? Pendant deux mois, nous avons testé la filière du net. L'enquête démontre que nos fonctionnaires doivent surtout compter sur la chance.

Principal fléau pour l'horlogerie suisse, outre la crise économique, la contrefaçon représenterait 40 millions de pièces selon la Fondation pour la haute horlogerie (FHH). En comparaison, 26 millions de montres originales ont été exportées en 2007... On estime que les pertes économiques dues au fléau de la contrefaçon et du piratage se chiffrent à 2 milliards de francs pour la Suisse. Le phénomène a pris une ampleur insoupçonnée depuis deux ou trois ans à cause de l'internet et de la démocratisation du paiement en ligne. Des dizaines de sites basés aussi bien en Russie qu'à Chypre ou en Asie proposent toutes les marques et modèles. Parmi ces «fakes watches», on trouve de tout. Des breloques, mais aussi - et c'est nouveau - des tocantes de qualité quasiment irréprochable. Les prix varient généralement entre 130 et 200 dollars pour les quartz et 600 à 800 dollars pour les mouvements automatiques suisses. La concurrence déloyale avec les horlogers suisses devient si forte qu'une grande campagne internationale d'information vient d'être lancée.

Loi plus sévère

Depuis juillet 2008, les répliques importées même en petite quantité et à titre privé en rentrant de voyage peuvent être confisquées. Les montres commandées par l'internet sont aussi saisies. Quand les douanes y parviennent... La plupart des sites se targuent de passer notre frontière sans accroc. Et de plus en plus d'internautes tentent le coup. Souvent avec succès.

Un Chablaisien qui s'en vantait - une fausse Audemars Piguet au poignet - a effectué une commande sous notre contrôle. Son choix: une Rolex et une Tag Heuer, facturées 137 et 150 dollars, expédition comprise. Résultat: réception sans encombre dix jours plus tard dans deux paquets séparés. Deux chronomètres de qualité, de poids et de taille similaires aux originaux, la Rolex ayant même un mouvement mécanique très précis.

Pincé à Genève

Est-il si facile de passer entre les mailles du filet? Pour en avoir le coeur net, nous avons commandé une Vacheron Constantin et une Bulgari sur un autre site. Si la commande de la Rolex et de la Tag avait été passée à Chypre et envoyée d'Ukraine, cette fois la marchandise arrivera de Chine, via la Russie. Interrogé sur le sérieux du site internet russe, Mastercard ne signale pas de danger. Et le vendeur se veut aussi rassurant. «Nous faisons notre possible pour assurer nos clients qu'ils n'aient pas de problème avec la douane.

Nous employons des paquets spéciaux indiquant la mention «cadeau» avec des emballages simulant la présence par exemple d'un simple jouet.»

Mais surprise: une semaine plus tard la douane nous pince. Une lettre envoyée de l'aéroport de Genève signale la saisie de deux montres.

La douane propose de détruire ces deux pièces.

Soit nous donnons notre accord et payons 60 francs de frais, soit les entreprises seront informées et fondées à entreprendre des poursuites pénales.

Nous nous exécutons et l'affaire en est restée là, sans conséquence. Mis à part la perte d'environ 350 francs.

Lenouvelliste.ch
Gilles Berreau

 

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