VOL: L'Arsène Lupin israélien avait dissimulé son trésor à Paris
 
Le 23-03-2009

Des montres anciennes d'une valeur de 10 millions de dollars ont été restituées à Israël, vendredi, au terme d'une très longue enquête.

Il avait voulu être pilote de chasse dans l'armée israélienne et, son rêve ne se réalisant pas, il avait quand même décidé de voler. Mais avec, en tête, des objectifs bien moins avouables. Car Na'aman Diller qui, dans les années soixante, avait souhaité rejoindre les unités d'élite des forces aériennes était finalement devenu cambrioleur. Et forcément de haut vol. Le meilleur même de sa catégorie brigand allant jusqu'à forcer l'admiration de la police de son pays et d'ailleurs. Le talent n'a pas de frontière.

Le nom de cet Arsène lupin de légende, décédé il y a maintenant cinq ans, vient de ressurgir brusquement de l'actualité. Le «cambrioleur du kibboutz» - ainsi appelé en raison de ses origines modestes - fait à nouveau parler de lui. Une partie du butin qu'il avait dérobé il y a vingt-six ans lors d'un casse spectaculaire dans un musée de Jérusalem vient d'être retrouvée en France. Entreposé dans deux coffres de banques à Paris, ce trésor a été restitué hier aux autorités israéliennes. Il s'agit d'une quarantaine de montres anciennes estimées à 10 millions de dollars et qui vont donc rejoindre le Musée L.A. Mayer d'art islamique de Jérusalem. «Cette collection de montres n'est d'ailleurs pas dans la thématique de ce musée dédié aux trésors culturels de l'islam», a noté hier l'ambassadeur d'Israël en France, Daniel Shek, qui organisait au sein de son ambassade la cérémonie de restitution de ces pièces.

Montre-gousset en or destinée à Marie-Antoinette

Mais assurément, ces montres de gousset perlées, ces précieuses boîtes à cadran contenant des mouvements d'horlogerie anciens avaient tapé dans l'œil de Na'aman Diller. Toute cette collection a d'ailleurs une histoire. Appartenant à sir David Lionnel Salomons, premier maire juif de Londres, elle avait ensuite été léguée par sa fille, Vera Francis Salomons, fondatrice du musée. Pièce maîtresse de ces richesses : une montre-gousset en or destinée à Marie-Antoinette et signée de l'horloger français Abraham Louis Breguet (1747-1823). Estimée à 30 millions de dollars, elle avait déjà été retrouvée. De quoi convaincre Na'aman Diller de céder à ses démons : voler.

Dans la nuit du 15 au 16 avril 1983, il était parti à l'assaut du musée en utilisant, comme à l'accoutumée, un plan alliant réflexion, précision et moyens techniques de pointe. «Selon des appareils sophistiqués qu'il avait mis au point, il avait pu localiser les gardiens dans le musée au moment de son opération», raconte le commissaire Avi Roif, chef de l'unité centrale de Jérusalem, qui a dirigé l'enquête.

Puis Na'aman Diller avait disparu dans la nuit, emportant avec lui un butin composé de 106 pièces. Après avoir commencé sa carrière de monte-en-l'air à 20 ans, en démarrant par des vols de voitures puis très vite par des tableaux de maître, il signait, après quelques condamnations, le plus beau casse du siècle de la ville. Et donnait du fil à retordre durant plus de vingt ans à des équipes successives de policiers. L'enquête qui a progressé d'ailleurs bien tardivement n'est toujours pas achevée. Ce n'est qu'en 2006 que les limiers israéliens ont su qu'ils avaient affaire à Diller, mort depuis deux ans d'un cancer. En retrouvant la veuve du cambrioleur à Los Angeles, en possession de plusieurs documents intéressants, ils ont pu ensuite récupérer la plupart des montres notamment en Hollande et donc en France. Quatre montres localisées en Suisse doivent aujourd'hui être récupérées pour que l'intégralité de la collection soit à nouveau reconstituée. Plus d'un quart de siècle après. Une affaire où tout a été, en somme, question de temps.

Le figaro
Angélique Négroni

 

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