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Le commerce de perles et de pierres précieuses a construit la renommée du joaillier lausannois. Celui-ci cesse peu à peu ses activités, comme le commerce de diamant, pour réaliser sa nouvelle mission: participer au développement de la Banque Cramer
Bientôt plus rien. Voilà ce qu’il reste de l’activité historique de Golay Buchel. La société lausannoise, qui trouve ses origines en 1887 déjà dans le commerce de pierres fines, a annoncé mardi soir vouloir arrêter son activité diamants.
«Ces derniers mois, ou même ces dernières semaines, certains clients se sont montrés très prudents, explique Alain Sierro, administrateur délégué du groupe. Nous arrivions à maintenir nos marges, mais nous sentions, également suite à la Foire horlogère de Bâle, que ça allait devenir difficile dans les mois à venir en termes de volumes.» Golay arrête donc cette activité, qui représente environ 20 à 25% du chiffre d’affaires actuel, par souci de rentabilité.
«C’est la suite logique de notre stratégie. Nous n’avons rien caché, poursuit Alain Sierro. La décision de désinvestir de l’activité historique de Golay a été prise en 2007 déjà.» Par les actionnaires historiques qui, rappelons-le, ne voyant plus de dividendes tomber, ont préféré céder leur part.
1500 employés en 2003
La mue s’accélère. La vente de la filiale japonaise Golay Buchel Trading K.K. à Osaka a été finalisée. Une autre activité cessera. Le commerce de diamants s’arrêtera à fin juin pour assurer une transition en douceur auprès des clients.
Golay, la fin d’une histoire bâtie par quatre générations. «Ou le début d’une autre», rétorque Alain Sierro, pour expliquer la diversification dans les services financiers. «Golay doit encore trouver son rôle dans la nouvelle constellation», estime le dirigeant (ancien CEO de Banque Cramer), dont la mission est justement de développer les activités financières de Golay. Dans l’esprit de se mettre au service du développement de la banque genevoise Cramer.
Pertes significatives
Massimo Esposito, président du conseil d’administration de Golay Buchel et de Norinvest Holding – dont il détient environ 30% du capital-actions – est plus tranché dans ses propos. Pour lui, la fin de Golay Buchel est programmée pour 2010 avec le transfert des actifs (lire ci-dessous).
Les dirigeants du joaillier dévoileront «tout prochainement» le détail des résultats financiers de l’exercice 2008, dont le chiffre d’affaires a atteint 64,2 millions de francs. Plus de la moitié a été réalisée au Japon. Les pertes sont significatives, rappelle l’administrateur délégué.
Qu’il semble loin le temps de la splendeur du groupe, qui s’était offert, au faîte de sa puissance en 1997, un immeuble à l’avenue Rhodanie à Lausanne, revendu presque dix ans plus tard. La décote des actions est programmée au 25 juin prochain, suite à l’aboutissement de l’offre publique d’échange des actions et des bons de participations de Norinvest. Le marchand de «brillants» et de perles de culture cède sa place à la banque privée.
Le rachat du groupe lausannois par la société financière genevoise Norinvest Holding, propriétaire à 100% de Banque Cramer et qui vient d’annoncer le rachat de la Banque de Patrimoines Privés Genève (BPG), a accéléré le démantèlement – les dirigeants préfèrent parler de reconversion – d’une société qui comptait encore plus de 1500 employés à fin 2003, contre une centaine aujourd’hui, dont vingt sur le site lausannois.
Que reste-t-il encore vraiment d’«actif» dans le groupe? Trois filiales dans la perle de culture, au Japon, en Malaisie et à Singapour, ainsi qu’une filiale italienne spécialisée dans les bijoux or/argent. «Nous analysons actuellement ces filiales, dont certaines sont fortement touchées par la crise. Au Japon, par exemple, l’impact sur les marges est conséquent, nous devons agir.» Ce qui signifie, dans la bouche de l’administrateur, céder l’activité ou la restructurer fortement.
Le Temps |