LVMH ne vendra pas ses marques
 
Le 30-04-2009

Le CEO du pôle horlogerie et joaillerie de LVMH évoque le départ de Thierry Nataf de Zenith et la conjoncture économique mondiale.

Philippe Pascal, CEO du pôle horlogerie et joaillerie du numéro un mondial du luxe LVMH, prend position sur le départ de Thierry Nataf, le futur ancien directeur et président de Zenith. Il évoque aussi sa perception de la crise et comment le groupe entend y faire face. LVMH ne va pas se séparer de ses horlogers, même s’ils pèsent, pour l’instant sur les résultats du géant français. Il a accordé une interview exclusive à «L’Agefi».

Qui remplacera Thierry Nataf à la tête de Zenith?
Philippe Pascal: Je ne peux pas vous répondre à ce jour. Il est trop tôt.

On parle pour une période intérimaire de Valérie Lachaux, est-ce exact?
Oui, c’est exact. Valérie Lachaux est DRH de la division Montres et Joaillerie et dirigeait Montres Dior précédemment.

Avez-vous demandé à Jean-Claude Biver de reprendre le poste?
Non, je ne lui ai pas demandé de prendre la direction de Zenith car Jean-Claude Biver est président de Hublot. Par contre, compte tenu de sa grande expérience, je ne manque pas de le consulter sur des sujets stratégiques.

Le départ de Thierry Nataf était dans l’air depuis plus d’une année. Pourquoi le licenciement est-il intervenu seulement maintenant?
Je veux être factuel. Après huit années passés chez Zenith, Thierry Nataf avait exprimé, il y a quelque temps déjà, le souhait d’évoluer et nous en avions parlé. Ce n’est que récemment que Thierry Nataf a décidé de quitter Zenith pour se consacrer à des projets personnels à l’extérieur du groupe.

Quel bilan tirez-vous de son travail? Positif et négatif.
Lorsque LVMH a acquis la manufacture, Zenith vivait de la vente de mouvements El Primero à des tiers et pour la marque Zenith, le premier marché était l’Italie...avec des montres femmes à quartz. Aujourd’hui, Zenith est une marque de manufacture, au rayonnement international et cela grâce au travail effectué avec passion par Thierry Nataf et des équipes chevronnées au Locle (NE) et dans le monde. De plus, Zenith a aujourd’hui une gamme riche de nombreuses complications faites exclusivement en interne sur une base El Primero toujours la plus précise de l’industrie à 36.000 alternances.

Quel doit être le profil de son-sa remplaçant(e)?
Le meilleur possible, évidemment!... pour prendre le relais à la tête d’une si belle manufacture.

Cherchez-vous à l’interne (univers LVMH) ou avez-vous sollicité un chasseur de tête?
Les deux, mais je ne peux pas vous donner le numéro de téléphone du chasseur de tête.

Le pôle horloger a vécu un premier trimestre très difficile. Votre appréciation?
Premier trimestre très difficile, effectivement... à mettre en parallèle avec les statistiques de la Fédération horlogère parues jeudi. Notre priorité reste la collaboration avec les détaillants pour les aider à passer ce cap difficile. Nous avons toujours accordé plus d’importance au sell-out (nos ventes chez les détaillants) qu’aux facturations aux détaillants. Ce qui nous a toujours permis de sortir plus vite des périodes de crise.

Allez-vous prendre des mesures pour juguler cet effondrement? Suppressions d’emplois, licenciements?
LVMH a depuis plusieurs mois déjà pris des mesures pour anticiper au mieux et bien évidemment, nous souhaitons protéger l’emploi. Pour mémoire, avons créé plus de 200 emplois nets en Suisse depuis 2000 sur nos différents sites.

Tag Heuer et Zenith semble particulièrement affectés. Dans quelle mesure?
Comme vous le savez, nous ne donnons pas de résultats par marque. Nous avons simplement souligné notre forte exposition aux USA où Tag Heuer est passé de la marque n°5 à la marque n°2 en cinq ans. Le continent américain souffre encore plus que les autres, mais n’est plus le seul. Il sortira peut-être de la crise plus vite.

LVMH souhaite-t-il se séparer d’une ou plusieurs marques, au vu de leurs difficultés qui péjorent les chiffres du groupe?
Non. LVMH n’envisage absolument pas de se séparer d’une ou plusieurs marques. L’horlogerie et la joaillerie traversent une passe difficile, c’est indéniable mais ne pèsent que 5% du chiffre d’affaires de LVMH. Nous avons une vision à long terme dans tous nos métiers et nous poursuivons énergiquement la construction de nos marques. LVMH a bâti son leadership sur un équilibre entre de nombreux métiers du luxe, des marques stars exceptionnelles, et sur les cinq continents. C’est un modèle unique au monde. L’acquisition d’Hublot en 2008 est complémentaire au portefeuille horloger existant et révélatrice de notre engagement dans l’horlogerie suisse.

Vos prévisions pour l’exercice en cours?
J’ai la modestie de ne pas pouvoir vous faire une réponse claire. Nous anticipons le pire, tout en mettant tout en oeuvre pour améliorer notre situation. Nos équipes ne craignent pas l’adversité et y sont formées. Je crois que l’industrie horlogère suisse a un potentiel magnifique et la crise va recentrer le marché sur les valeurs sûres.

L'Agefi
Bastien Buss

 

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