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Elle donne l'heure, mais ce n'est pas sa qualité principale : la "montre verte", testée en Ile-de-France depuis le 15 mai, mesure les niveaux de bruit et d'ozone, deux des principales pollutions urbaines, et les communique à un central sur Internet. De quoi transformer chaque citadin en acteur de l'environnement et en capteur mobile - quitte à stresser un peu plus le pauvre être urbain, rivé à son cadran en cas de pic d'ozone.
Un moyen surtout de truffer la ville de milliers de points de surveillance de la qualité de l'air, là où Airparif ne compte que soixante-cinq stations dans l'agglomération parisienne. "Les capteurs d'Airparif sont bien meilleurs que les nôtres, et ne mesurent pas que l'ozone. La montre verte peut être complémentaire en dressant une cartographie de la pollution détaillée et dynamique", estime Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation Internet nouvelle génération (Fing), qui porte ce projet auquel participent la région Ile-de-France, des entreprises et le laboratoire universitaire CiTu (Paris-VIII et Paris-I).
Les trente premiers prototypes sont expérimentés et présentés au public parisien à l'occasion de Futur en Seine, la "fête de la ville numérique", jusqu'au 7 juin. Le gros boîtier en plastique, équipé d'un écran LED (Light Emitting Diode, diode électroluminescente) et sanglé autour du poignet, est encore assez loin du design futuriste promis par ses inventeurs.
A l'intérieur, en plus des capteurs de bruit et d'ozone, un GPS localise le lieu de la mesure et une puce Bluetooth transmet ces informations, toutes les cinq secondes, à un téléphone mobile doté d'une application développée par l'opérateur SFR. Le téléphone transfère cette énorme masse de données à une plate-forme Internet, qui stocke les données et les synthétise en temps réel sous forme de cartes accessibles à tout un chacun.
CONFIDENTIALITÉ COMPROMISE
"Nous n'avons pas de but lucratif. La montre et la plate-forme sont basées sur des technologies ouvertes, pour que chacun puisse s'en servir, l'améliorer, y apporter de nouvelles mesures et d'autres données", précise M. Kaplan.
A l'avenir, les montres pourraient ainsi mesurer le taux de CO2, les particules fines, la présence de pollens ou les émissions d'ondes électromagnétiques.
Les horlogers de la montre verte souhaitent désormais que des industriels ou des collectivités s'emparent du concept pour fabriquer et commercialiser des montres à des milliers d'exemplaires - et à un prix plus abordable que le coût de revient des prototypes, environ 1 500 euros pièce.
Reste toutefois à régler une question sensible, celle de la confidentialité : la montre moucharde à la plate-forme Internet le moindre déplacement de son porteur. "Il ne faudrait pas résoudre une question d'environnement en créant un problème de vie privée", assure M. Kaplan. La Fing cherche comment rendre les données anonymes et supprimer les itinéraires des informations mises en lignes.
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