|
"Nous n'avons pas le droit d'avoir des chômeurs dans ce pays car notre structure de population n'admet aucune différence sociale."
L’industrie suisse il y a 60 ans, quand j’étais tout jeune, a été parmi les meilleures et les plus performantes au monde. Notre pays comptait parmi les plus importants, aussi bien pour la production, la manufacture que le développement de nouveaux produits; le chômage était alors quasiment inexistant et la Suisse devait importer de la main d’oeuvre, qui venait surtout d’Italie.
Malheureusement aujourd’hui nous devons constater que la Suisse s’est en partie désindustrialisée. C’est plutôt les secteurs de la finance – banques, assurances et compagnies associées – qui se développent dans les régions qui étaient auparavant très industrielles; notamment dans le canton de Zurich ainsi que certaines autres régions suisses. Nous sommes tous heureux de voir les finances et les services se développer. Mais avec l’affaiblissement de la production et du développement de produits, la Suisse ne pourra jamais soutenir le nombre de postes de travail requis pour notre population et le niveau de vie nécessaire à chaque habitant sans une croissance substantielle de l’industrie de production nécessaire pour ceci.
Nous n’avons pas le droit d’avoir des chômeurs dans ce pays car notre structure de la population n’admet aucune grande différence sociale; nous n’avons pas de prolétariat en Suisse. Sinon la qualité de vie de nous tous – même les plus avantagés – en sera négativement touchée.
De plus, nous perdrions le solide savoir-faire et l’artisanat de haute qualité qui sont d’une valeur immense pour la Suisse. Ils représentent une partie importante de ces nombreuses qualités si uniques qui permettent à nos produits de s’imposer contre la concurrence des pays moins chers. La Suisse telle que nous l’aimons ne sera plus la même Suisse. Nous risquons aussi la disparition d’une partie de notre indépendance économique avec la nécessité d’importer presque tous les produits dont nous avons besoin.
On observe que la «relève» des régions industrielles, notamment celles qui étaient situées autour de Zurich, se fait en partie depuis quelques années ici même à Neuchâtel et dans l’axe Granges, Bienne, Neuchâtel jusqu’au Lac Léman. C’est là que la plupart des innovations, des développements des nouveaux produits et une nouvelle industrialisation de la Suisse a eu lieu les dernières années. Cette industrialisation, nous nous devons de la forcer, de la pousser, de l’accroître, et je ne peux assez le répéter et encore le crier, si nous voulons résorber le chômage actuel qui a dépassé les 200.000 personnes! Et surtout si nous désirons assurer un avenir intéressant et passionnant aux générations futures et conserver l’extraordinaire qualité de vie de notre pays.
Nous avons donc besoin en tout premier lieu du know-how de la recherche et d’entrepreneurs! Ces entrepreneurs, comme je l’ai déjà mentionné, doivent être capables de se passionner pour le développement d’idées nouvelles et d’avoir le courage et le dynamisme de risquer de se lancer dans des industries nouvelles. Nous avons besoin également de réalisateurs et de vainqueurs d’obstacles... vaincre un obstacle demande un esprit d’innovation et du courage.
Ces entrepreneurs existent. Il faut, en partie, les recruter dans la recherche car c’est en ayant un savoir-faire très poussé, entre autres, que nous pouvons créer de nouvelles industries, comme ici, dans les secteurs de la microtechnique et de l’énergie. La microtechnique est d’ailleurs une grande spécialité de la Suisse et elle le prouve tous les jours dans son industrie horlogère, et avec toutes les industries satellites qui sont au service des dizaines d’industries modernes et prestigieuses telle que l’aérospatiale, l’automobile, la médecine dentaire et d’autres. De plus, le développement d’énergies propres et renouvelables que nous essayons de créer et de faire croître avec beaucoup d’engagement et de dynamisme est un énorme espoir. Les industries sont basées sur un noyau combiné d’entrepreneurs et de savoir-faire. Noyau encouragé aussi par le CSEM, avec ses physiciens et ingénieurs, sa direction et sa mentalité.
L'Agefi |