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Une page se tourne dans l’industrie horlogère. Nicolas Hayek nomme Arlette- Elsa Emch à la présidence de la marque Swatch.
Le Matin Bleu: Que ressentez-vous au moment de céder votre place?
Nicolas G. Hayek: "Pour commencer, je ne cède pas ma place. Il ne faut pas oublier que la marque Swatch, sous ma direction, a eu plusieurs CEO, dontmon fils Nick Hayek. Quand il a pris la direction du groupe, Michele Sofisti lui a succédé. Quand ce dernier est parti, j’ai repris, ad interim la direction de Swatch, durant environ 3 à 4 ans. Cela à côté de mes autres fonctions au sein du Swatch Group et tout en cherchant un nouveau président pour Swatch. Donc je ne passe pas vraiment le flambeau, je nomme une nouvelle responsable. Je reste actif en tant que président du conseil d’administration du Swatch Group. J’ai 81 ans, je suis donc tout à fait jeune, j’ai encore plusieurs années devant moi. Je vais pouvoir me consacrer plus en détail à d’autres projets, comme Montres Breguet, Belenos Clean Power (réd: entreprise qui fournit des éléments respectueux de l’environnementàl’industrie) et tout leSwatch Group lui-même."
Pas de retraite, alors?
"Ah non, c’est Napoléon qui sonne la retraite de Russie! Un artiste, lui, ne prend pas sa retraite. Un entrepreneur est un artiste."
Quelle est la Swatch la plus chère du monde?
"Celle-là (réd: il enlève sa première montre Swatch, de 1983). Un musée m’a offert 250 000 francs pour la montre avec ma signature. Mais je ne vais jamais la vendre."
Pourquoi le SwatchGroup résiste-t-il mieux à la crise que les autres marques horlogères, selon vous?
"Nous avons du personnel qui travaille pour les 19 marques du groupe partout dans le monde; et ce pas uniquement depuis une centrale en Suisse, mais véritablement sur place. Nous avons nos propres boutiques. Tout le monde est engagé émotionnellement dans son travail et nous faisons en sorte que chacun se sente en sécurité et qu’il ait le sentiment d’appartenir à quelque chose de fort et de solide. De plus, c’est une compagnie qui a les pieds sur terre. Ses dirigeants aussi. Ainsi, même si selon le magazine «Forbes» je fais partie des 100 plus grosses fortunes du monde, je ne fais pas les bêtises de certains hommes super- riches. Je n’ai pas de chauffeur, pas de jet privé."
Avez-vous changé votre train de vie avec la crise?
"Darius Rochebinm’avait demandé, en octobre 2008 lors du téléjournal, combien d’argent j’avais perdu avec la crise. Je lui avais répondu que mes actions valaient à peu près 4 milliards de moins. Depuis, la Bourse a repris, et j’ai regagné 2 milliards et demi. Mais non, rien n’a changé, jevis comme tout le monde, tout simplement."
Propos recueillis par Sandra Imsand
Le Matin Bleu
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