|
Gaz encapsulé, liquide à nanoparticules: il y a du nouveau pour percer les ténèbres de la nuit ou des grands fonds.
Pour lire l’heure dans l’obscurité, les humains n’ont eu longtemps d’autre choix que les luxueuses répétitions minutes – ou les montres à tact sans glace. Mais avec l’essor des montres-bracelets étanches, des activités aquatiques et des exigences militaires, le besoin s’est fait sentir d’avoir des modes d’affichage plus immédiats – et surtout plus appropriés aux conditions extrêmes… Ainsi sont nés les premiers revêtements radioluminescents à base de radium (du genre Radiomir, mis au point par Officine Panerai dans les années 1910) ou de tritium (comme le Luminor, breveté par la même firme en 1949). En raison de leur (très faible) radioactivité, ces matières ont été remplacées plus récemment par des revêtements d’autres types comme le fameux pigment luminescent Superluminova. A la différence du tritium, le Superluminova (non radioactif) n’émet pas de lumière par lui-même. Il doit donc être activé par une source lumineuse extérieure (lumière du jour ou lumière artificielle) et brille ensuite pendant un certain nombre d’heures avant de s’éteindre.
Le retour du tritium
Si l’immense majorité des montres à vocation sportive possèdent aujourd’hui des aiguilles, index et chiffres ornés de revêtement Superluminova (décliné en diverses teintes allant du «neutre» à l’orange), quelques marques proposent d’autres solutions destinées à améliorer ou diversifier les affichages luminescents. C’est le cas de Ball Watch Company, une marque d’origine américaine fondée en 1891, dont l’histoire est intimement liée à celle des pionniers du rail, auxquels elle fournissait des montres connues pour leur précision et leur fiabilité. Rachetée en 1999 et domiciliée depuis lors en Suisse, Ball Watch Company se distingue aujourd’hui par ses modèles ultraperformants destinés aux pionniers et aventuriers de tout crin.
Pour optimiser la lisibilité des cadrans dans les conditions les plus extrêmes, la firme a recours à un système d’affichage luminescent original et sophistiqué. Les chiffres, index et aiguilles sont équipés de microtubes en verre minéral dans lesquels est encapsulé du gaz de tritium. En frappant la matière luminescente dont est revêtue la surface intérieure des tubes, les électrons du tritium produisent de la lumière. Avantage de cette technologie d’origine suisse: la luminosité serait jusqu’à cent fois supérieure à celles des autres procédés luminescents. De plus, l’affichage n’a pas besoin d’être activé par une source de lumière extérieure; il brille de lui-même pendant de nombreuses années. Le système de microtubes sécurisés permet par ailleurs de bénéficier de toutes les performances du tritium, sans avoir à craindre sa radioactivité.
Le rayon vert
En présentant à Baselworld 09 le modèle Quantum C1 Gravity, Concord a surtout frappé les esprits par son mécanisme inédit de tourbillon bi-axial placé verticalement, pour ainsi dire à l’extérieur du mouvement, et relié à la platine par un système de câbles rappelant les haubans des ponts suspendus. Mais ce modèle en 3D innove aussi par son mode d’affichage de la réserve de marche au moyen d’une colonne de verre se déplaçant sur un axe perpendiculaire par rapport à celui du mouvement.
Pour mettre en valeur cette innovation, et faciliter la lecture de la réserve de marche graduée sur trois jours, les concepteurs ont doté la colonne de verre d’une étrange couleur verte attirant immédiatement le regard. Ils ont mis au point pour cela une construction en deux parties: au centre, un cœur contenant des pigments phosphorescents de type Luminova, qui ont donc besoin d’être activés de l’extérieur, mais restituent ensuite longtemps de la lumière; tout autour, un liquide dans lequel flottent des «nanoparticules» fluorescentes – d’un diamètre de 2 nanomètres, soit 2 millionièmes de millimètre – qui réagissent immédiatement à la lumière.
Hervé Genoud |