Jean-Claude Biver incorrigible optimiste
 
Le 08-09-2009

Le directeur général des montres Hublot continue de «faire des coups». La crise, il ne connaît pas!

Il est partout. A Manchester pour inaugurer une horloge de 12 mètres devant le stade d’Old Trafford. A Gênes pour annoncer officiellement le partenariat entre Hublot et Alinghi. A Hongkong pour rendre visite à ses clients. Jean-Claude Biver n’a pas une minute à lui. A croire que la crise économique n’a pas d’influence sur son train de vie de directeur général.

«Les objectifs d’une entreprise à long terme ne doivent pas souffrir des contraintes à court terme», plaide-t-il. «La crise que nous traversons n’est pas structurelle. La qualité de nos montres n’est pas discutée. Donc, il faut continuer à être dynamique, à faire de la promotion, à développer la recherche et à voyager… Il est suicidaire de couper là-dedans!» Des paroles en l’air? Que nenni. Depuis neuf mois, Jean-Claude Biver a ajouté le geste à la parole. Il a ouvert une usine flambant neuve à Nyon. Il a engagé du personnel. Il a fabriqué un vélo All Black en série limitée. Et, désormais, il claironne que la reprise économique frappe à nos portes.

«Est-ce que je suis visionnaire ou simplement objectif?» sourit-il. «Lorsqu’on vit trop longtemps dans la crise ou dans l’euphorie, on met plus de temps à réaliser que cette époque est terminée. Moi, je vois déjà la reprise! Le proverbe dit que l’hirondelle ne fait pas le printemps. Oui, mais elle l’annonce. Je ne dis pas qu’il n’y aura plus de giboulées. C’est un peu tôt pour enlever les pneus neige. Mais, et les signaux sur les marchés sont éloquents, on se dirige vers les beaux jours…»

Chimie et instinct

Incorrigible optimiste, Jean-Claude Biver? Peut-être. Mais la planète tousserait un peu moins si tous les patrons (ceux qui en ont les moyens…) optaient pour la même philosophie. L’homme se laisse porter par son instinct. Accorde autant d’importance à «la chimie entre les individus» qu’aux affaires. Avec Alinghi, il n’en a d’ailleurs pas été autrement! «Comme tous les citoyens, je me suis rendu à Ouchy, le 1er août, pour voir le bateau, raconte-t-il. J’y suis allé assez tôt et un ami m’a présenté Ernesto Bertarelli. Celui-ci m’a invité à monter sur le catamaran…»

Jean-Claude Biver a tout de suite remarqué que la coque et les voiles de cette bête de course étaient encore vierges de publicité. Son sang n’a fait qu’un tour. «Ce projet de haute technologie a une dimension qui dépasse la Coupe de l’America et la personne d’Ernesto Bertarelli. C’est un concentré de savoir-faire national. D’ailleurs, le symbole de l’arbalète apparaît sur le bateau. Lorsque j’ai réalisé ça, je n’ai pas hésité une seconde: on devait y être!»

Le patron de Hublot n’est pas à son coup d’essai: il avait déjà grillé la politesse à ses concurrents pour l’Euro 2008. Dans le même état d’esprit. De plus, il a déjà l’expérience de la Coupe de l’America, puisqu’en 2007, Hublot était présent à Valence. En tant que partenaire du défi italien: Luna Rossa. «L’approche était différente, se souvient-il. Hublot n’avait pas la même réputation qu’aujourd’hui. L’association avec une marque de luxe comme Prada nous a été bénéfique, puisqu’il y a eu un transfert de prestige entre les deux marques!»

Série limitée «Alinghi»

Avec Alinghi, Jean-Claude Biver cherche désormais à promouvoir le «Swiss made». Et le choix de Ras al-Khaimah n’est pas pour lui déplaire: Hublot aura aussi l’occasion de se faire connaître aux Emirats arabes unis. «Nous allons sortir une série limitée de 333 pièces pour fêter la 33e édition de la Coupe de l’America», précise-t-il. Cette montre viendra compléter une collection déjà impressionnante. De l’équipe suisse de football à Ayrton Senna, de Smiling Children à Morgan, l’homme aime «faire des coups». Et, à l’entendre, ce n’est pas terminé!

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Bio express

Jean-Claude Biver

• Né le 20 septembre 1949 au Luxembourg.

• 1979: il fait un stage «all around» chez Audemars Piguet.

• 1980: il devient responsable des produits or chez Omega.

• 1982: avec son ami Jacques Piguet, il achète la marque Blancpain.

• 1992: cession de la marque Blancpain au groupe de Nicolas Hayek. Il reçoit la mission de développer le marketing de la marque Omega.

• Juin 2004: il devient CEO de la marque Hublot.

• Avril 2005: lancement de la montre Big Bang.

• 2007: élu meilleur manager horloger dans un sondage effectué par le magazine «Business Montres».


J-Daniel Sallinnyon
Tribune de Genève

 

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