Chopard - L’ethnologie s’invite au L.U.CEUM
 
Le 10-09-2009

A Jean-Pierre Jelmini, historien neuchâtelois renommé, qui confirmait que « dans le temps, on avait pas plus de temps », Jacques Hainard a lancé en guise de conclusion : « Merci de nous rassurer ! Rien de nouveau sous le soleil, le temps passe… » L’ancien conservateur des musées d’ethnographie de Neuchâtel et de Genève était l’invité, mardi 8 septembre, de la 3e Rencontre du L.U.CEUM. Du nom du musée que Chopard a inauguré dans sa manufacture du Val-de-Travers (NE) en 2006, ces rencontres se déroulent dans une annexe, à la rue du Temple à Fleurier. Devant un parterre plein à craquer, l’ethnologue s’est évertué à prouver une chose : le temps des Hommes n’est pas celui des astres.

En septembre 2006, à l’occasion de la célébration des 10 ans de Chopard à Fleurier, son co-président Karl-Friedrich Scheufele inaugurait le L.U.CEUM, musée qui retrace cinq siècles d’histoire horlogère. Il déclarait alors : « La notion du temps m’intéresse également du point de vue philosophique. Je voulais créer un lieu qui incite à s’arrêter un instant pour réfléchir au concept du temps, à prendre son temps. » Les Rencontres du L.U.CEUM, néologisme inspiré des initiales de Louis-Ulysse Chopard et du mot latin « lyceum » qui caractérise un espace d’échange et d’apprentissage, étaient nées.

Cette 3e rencontre a donc vu Jacques Hainard exposer le temps des Hommes, celui basé sur les événements, non pas sur la course des astres. « On ne peut pas maîtriser le temps, a-t-il expliqué en introduction. On peut juste le gérer, le construire. On s’est mis d’accord techniquement, avec des années de 365 jours, des jours de 24 heures. Quoique : on prend des aises avec une heure d’été et une heure d’hiver. On voit bien que l’on pourrait tout changer ! »

Le temps tient une place importante en ethnologie. Il est en effet à la base de la réflexion qui a donné naissance à cette science jeune, apparue vers 1850. Une date clé pour Jacques Hainard : « A partir de là, sous l’influence des sciences naturelles, on se met à classer les tribus indiennes, puis d’autres sociétés. » Naît alors le concept d’évolution, qui tentait de prouver que les « primitifs » avaient en fait un retard de développement sur l’Occident. « Ce fut la première hypothèse sur les sociétés humaines. Une véritable révolution. »

Quelque 160 ans plus tard, d’autres courants de pensée, d’autres écoles sont venues alimenter le débat ethnologique. Il se concentre aujourd’hui sur le temps présent et porte sur toutes les sociétés, faisant tomber du même coup la barrière virtuelle qui attribuait aux sociologues l’Occident comme terrain de recherche, et aux ethnologues le reste du monde. Et l’une des grandes réflexions actuelles a lieu autour de la notion de patrimoine. Comme un clin d’œil à son hôte, Jacques Hainard conclut : « Nous sommes capables aujourd’hui de tout conserver, le matériel comme l’immatériel. Il y a les musées, les bibliothèques, Internet, etc. Tout est accessible, maintenant et tout de suite. Mais attention : ce faisant, on commence à ne plus envisager le temps de la même manière ! »

Fabrice Eschmann – BIPH

 

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