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Les collaborateurs d'Ulysse Nardin et leurs familles ont pu découvrir samedi l'unité chaux-de-fonnière rénovée et agrandie de l'entreprise horlogère. Et comprendre les enjeux de la maîtrise de la fabrication de composants.
«Tu vois, ça c'est une platine, c'est là-dessus qu'on vient poser toutes les pièces du mouvement de la montre». «Regarde ces roues, comme elles sont petites». «Je travaille là-bas, au fond, près de l'affiche...» «C'est marrant ces fenêtres en hublot!»
Exclamations, explications et découvertes en tout genre ont ponctué, samedi à La Chaux-de-Fonds, la journée organisée par Ulysse Nardin à l'intention de ses collaborateurs et de leurs familles. Plus de 500 personnes ont visité les locaux, agrandis et rénovés, de l'entreprise horlogère, ou plutôt de son unité de production de mouvements, puisque l'assemblage des montres est réalisé au siège du Locle.
Sur trois étages (un niveau supplémentaire est venu s'ajouter au bâtiment bleu ciel), au cœur d'un parc de machines ultramodernes, une centaine de personnes s'activent ainsi à concevoir, fabriquer et assembler les rouages, ponts, vis, pignons et autres minuscules pièces qui composeront un mouvement manufacture.
«Notre but n'est pas de tout fabriquer à l'interne, mais de maîtriser la production pour ne pas dépendre des fournisseurs monopolistiques», expliquait ainsi à ses invités le directeur général d'Ulysse Nardin, Pierre Gygax. Une allusion à la décision du Swatch Group de cesser de fournir, via sa filiale ETA, des ébauches (mouvements en kit) aux marques horlogères, pour ne plus leur vendre que des mouvements déjà assemblés. Décision jugée tout à fait souhaitable pour la branche par Ulysse Nardin, qui avait décidé déjà avant sa publication, d'investir dans la production de ses propres mouvements. D'autres collègues ont suivi le même chemin.
Ainsi, Ulysse Nardin peut aujourd'hui équiper de mouvements maison 20% des quelque 20 000 montres que la marque produit chaque année. «Mais attention, cela ne veut pas dire que les 80% restantes sont équipées de mouvements achetés», souligne Pierre Gygax. «En fait, il s'agit de mouvements dédiés à Ulysse Nardin et pourvus de fonctions qui leur sont propres.»
Et la part de calibres manufacture va pouvoir augmenter encore, grâce aux investissements consentis par Ulysse Nardin tant dans son unité de La Chaux-de-Fonds que dans sa filiale de Sion, Sigatec, où sont fabriqués les composants de son échappement en silicium. «Mais il nous a fallu dix ans pour réussir ce tournant», relève Pierre Gygax. Dix ans et des dizaines de millions de francs d'investissement! /FRK
«Nous avons investi uniquement l'argent déjà gagné»
Après avoir fermé ses portes en juillet et en août, Ulysse Nardin a repris le travail le 31 août à 100% tant au Locle et qu'à La Chaux-de-Fonds. L'effectif est désormais de 209 collaborateurs (21 personnes ont été licenciées en mai), avec l'espoir que le plus dur de la crise soit passé. «Nous sommes actuellement au niveau de 2006 - qui était quand même une très bonne année -, et je pense que nous y resterons encore trois ou quatre ans», juge Pierre Gygax. «On sent quelques frémissements, mais c'est encore difficile, et nous avons constaté que nos clients optaient pour des produits un peu moins chers que dans le passé.»
Ulysse Nardin a souffert sur son principal marché (les Etats-Unis), mais a relativement bien tenu le choc en Russie, où elle est également très présente. Mais si l'entreprise peut repartir aujourd'hui sans crainte pour son avenir, c'est surtout «parce que nous avons investi uniquement l'argent déjà gagné», relève le directeur général. «Cela nous a conduit à ces agrandissements successifs, tant au Locle qu'à La Chaux-de-Fonds, mais nous n'avons pas commis l'erreur d'investir des gains espérés dans le futur...»
Et aujourd'hui, Ulysse Nardin a de la marge, avec une capacité de production de 40 000 montres par an...
Françoise Kuenzi
ArcInfo.ch |