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La manufacture Vincent Bérard a présenté avec éclat ses nouveaux locaux dans la ferme de son créateur située sur les hauts de La Chaux-de-Fonds. Petite visite guidée d’un univers entièrement focalisé autour de l’artiste-horloger éponyme.
Trois jours d’inauguration et quelque 300 personnes présentes. La manufacture Vincent Bérard n’a pas lésiné sur les moyens pour marquer l’événement. Dans une ambiance décontractée et ensoleillée, clients du monde entier, personnalités de l’horlogerie ou encore proches et journalistes ont eu droit à une réception qui tranchait singulièrement avec le climat de crise économique actuelle qui touche de plein fouet la région et son horlogerie. Danseurs, saltimbanques, cracheurs de feu, musiciens et hôtesses ont animé la ferme totalement rénovée de l’horloger Vincent Bérard pendant que les invités étaient conviés à des visites d’ateliers sur place ou d’artisans en ville, voire à des vols en avion de plaisance, le tout couronné par un banquet. Cette démonstration ostentatoire trouve son origine dans le rachat de la marque par le groupe américain Timex qui permet de voir grand et surtout loin.
Image à asseoir
Surplombant la cité horlogère neuchâteloise, la ferme tricentenaire de Vincent Bérard s’est muée en véritable joyau après trois ans de travaux. Créée en 2003 et vendue en 2006 au groupe basé à Middlebury dans le Connecticut, entre Boston et New York, la marque a depuis pris son envol pour devenir une petite manufacture de 20 personnes avec à sa tête le créateur Vincent Bérard et Herbert Gautschi, son directeur. L’équipe devrait encore s’agrandir d’ici un an avec l’arrivée de cinq à sept collaborateurs supplémentaires, explique le guide qui fait visiter les locaux aux invités. Si le but de l’inauguration était bien évidemment de mieux faire connaître la marque, l’opération a aussi consisté à préciser les contours de son ADN, grandement tournée vers son créateur et sa vision de l’horlogerie. Ce dernier a construit de toutes pièces un univers qui ne néglige aucun détail. A partir de sa montre quatre saisons carrosse et de son mouvement à remontage manuel VB 441, il a constitué un archétype qui sert de base à toutes ses réalisations: de ses cinq collections existantes en passant par le design du mobilier, chaque élément présent sur le site porte l’empreinte de Vincent Bérard.
Artiste avant tout
Ce Français d’Avignon âgé de 50 ans est arrivé en Suisse il y a plus de 30 ans. Bientôt, il passe maître dans l’art de la restauration de montres anciennes et dans la création de complications. Il trouve son inspiration dans la nature magnifique qui l’entoure, au gré des saisons, matérialisant dans ses montres les quatre éléments que sont la terre, l’eau, le feu et l’air. L’homme ne tolère pas la standardisation et cultive son image autant que son originalité. Celui qui a élevé des poules et des moutons pour être plus proche des paysans horlogers du 18e siècle, considère ainsi que c’est la forme qui doit obliger la technique à se réinventer, et non le contraire. Dans cette optique, ce peintre mais aussi poète, sculpteur et plasticien à ses heures a d’ailleurs créé des pièces uniques pour la manifestation, notamment quatre montres Talismane sans bracelet qui se portent dans la poche et tiennent dans la paume de la main. Autant d’atouts qui sauront certainement séduire les acheteurs potentiels de la jeune marque venus du Japon, d’Hong Kong, de Thaïlande, des Etats-Unis ou encore d’Europe, pour leur plus grand plaisir.
Nicolas Paratte
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