Quel développement l'entreprise Jaeger-LeCoultre souhaite-t-elle avoir en Ajoie?

Tout réjoui de ses visites dans les salons de l'horlogerie à Bâle et Genève, le ministre de l'économie Michel Probst a énuméré dans un communiqué diffusé hier celles des entreprises d'horlogerie implantées dans le canton qui devraient connaître un développement de leurs activités les prochains mois. Parmi elles, Jaeger-LeCoultre à Porrentruy, dont l'unité de montage de mouvements sera développée dans les locaux actuels du Technopôle.

Une nouvelle activité, proche de l'horlogerie, pourrait être implantée aussi, pour autant que le personnel qualifié d'horlogerie soit déniché, annonce le canton.

Des emplois annoncés au canton, pas à la ville

La nouvelle étonne cependant les représentants du Conseil communal de Porrentruy, qui ont convaincu le mois passé le législatif bruntrutain de vendre à l'entreprise de Courgenay AJS Production SA une parcelle de terrain industriel réservée jusque-là à Jaeger-LeCoultre pour une éventuelle construction à côté du Technopôle. Mais si l'entreprise du Sentier se dit satisfaite de son implantation en Ajoie, elle n'a manifesté aucune intention de développement à moyen terme dans la région, nous confirme le maire de Porrentruy Gérard Guenat. Y compris dans les contacts récents avec le conseiller municipal Marcel Bailly. Donc Porrentruy vient de réattribuer ce terrain à un autre amateur. Mais si Jaeger-LeCoultre se ravise et que des créations d'emplois se traduisent par l'établissement de nouveaux habitants à Porrentruy, le maire ne peut que s'en réjouir.

Le projet ne se réalisera que si l'on trouve du personnel

Cette différence de discours de Jaeger s'explique peut-être par le fait que la ville n'a pas eu les mêmes interlocuteurs que le canton, avance Jean-Claude Lachat, du Bureau du développement économique. En rencontrant le directeur industriel de Jaeger-LeCoultre, Michel Probst et Jean-Claude Lachat ont été assurés de perspectives de développement à Porrentruy. Une douzaine de nouveaux emplois seraient ainsi créés, pour des horlogers-rhabilleurs ou dans des métiers liés à l'horlogerie, ce qui porterait l'effectif à une trentaine de collaborateurs. Mais aucun investissement n'est prévu dans une nouvelle construction. Dans le fond, explique Jean-Claude Lachat, c'est moins la construction que les places de travail qui intéressent le canton.

Du côté du Technopôle de Porrentruy, le président Marcel Hubleur n'est pas au courant des velléités de développement de l'entreprise, lui qui a déjà cherché à joindre les responsables du Sentier. Nous n'avons pas eu davantage de succès lors de nos tentatives hier. (df)

200 emplois créés par Jaeger-LeCoultre au Sentier et... 10 dans le même temps en Ajoie

Pour mener à bien son projet, il faudra encore que l'entreprise trouve sur place le personnel formé nécessaire. Du côté du Bureau du développement économique, on rappelle que le Gouvernement a décidé de pratiquement doubler le nombre de places d'apprentissage en horlogerie (22 au total) à partir de la prochaine rentrée scolaire, ce qui devrait offrir un peu de main-d'œuvre supplémentaire sur le marché local, mais dans quatre ans seulement. Avec 18 emplois actuellement, on est cependant encore loin des promesses faites lors de l'arrivée de Jaeger-LeCoultre en 2000, lorsque l'entreprise annonçait la création de 50 emplois dans les 5 ans qui suivraient. Dans le même temps, l'entreprise vaudoise a créé plus de 200 emplois et consenti de grands investissements sur son site du Sentier, qui emploie actuellement 1020 personnes, et qui en a engagé 120 durant la seule année 2006. De ce point de vue-là, Porrentruy est encore loin de profiter pleinement du boum horloger que connaissent certaines entreprises. Mais ce n'est pas forcément la faute des gens d'ici.

Le Quotidien Jurassien (mgo)