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Alors que le label est sujet à débat, une interrogation demeure: comment Swatch Group s’alignera sur les nouvelles exigences pour - ses marques des segments inférieurs? Nick Hayek a trouvé la réponse.
Dès que les velléités du conseil de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) ont été connues en matière de Swiss made, de nombreux observateurs se sont interrogés sur la position de Swatch Group dans ce dossier.
Si le renforcement était souhaité depuis quelques années, tant du côté de Richemont que de Rolex, le premier groupe horloger mondial n’avait, quant à lui, jamais clairement affiché sa position. Et pour cause, le renforcement des exigences liées à l’obtention du label Swiss made était susceptible de mettre en difficulté des marques stratégiques de Swatch Group. A commencer par Omega, Longines et Tissot, pour ne citer que les plus importantes.
L’obstacle des coûts de fabrication
Certes, la montée en gamme entamée – mais non terminée – d’Omega pouvait expliquer en partie le revirement de position du groupe biennois, dès lors qu’une partie de la production réalisée à l’étranger est en cours de rapatriement. Mais le problème demeure pour les marques des segments intermédiaire et inférieur. On imaginait jusqu’ici que ces marques ne pourraient pas produire en Suisse, à des prix compétitifs, des composants réalisés actuellement à l’étranger, et plus particulièrement en Asie. Or c’est lors du séminaire qui réunit tous les ans à Interlaken les cadres de Swatch Group – juste avant Baselworld – que la direction du géant biennois a exposé sa stratégie en matière de Swiss made.
S’il appuie désormais le renforcement des exigences liées à l’obtention de ce label, c’est que le premier groupe horloger mondial est aujourd’hui persuadé de maîtriser des systèmes de production qui permettent de produire en Suisse, et à des prix pratiquement identiques à ce qui se fait en Asie, des composants essentiels de l’habillage de la montre (boîtiers, cadrans, etc. ). Interrogé par Bilan,Nick Hayek, CEO et président de la direction générale, confirme les intentions du groupe en la matière et insiste sur la nécessité de se montrer innovant en révolutionnant les processus de production dans les segments inférieurs. Il laisse entendre que les nouvelles technologies pourraient apporter une avancée comparable à celle de Swatch il y a vingt-cinq ans. Alors que, à cette époque, personne ne croyait à la compétitivité possible de la Suisse dans la montre à quartz, Swatch Group avait fait la démonstration du contraire.
De l’ordinateur à la production
Les nouveaux procédés testés actuellement permettent d’éviter la coûteuse étape de l’outil-lage, passant directement de la création assistée par ordinateur à la production. Le gain de temps considérable participe également de la réduction des coûts. Les cadrans pourraient être réalisés par les nouvelles techniques de digitalisation (digital printing). Par ce procédé qui permet également de produire des pièces tridimensionnelles, il ne faut guère plus de 48 heures, de la création au produit fini. Pour la production des boîtes de montres, c’est la découpe au laser (rapid tooling) qui semble être la voie de l’avenir. De premières expériences sur les T-Touch de Tissot ont permis de vérifier qu’une production en Suisse, par ce procédé, permet de produire des boîtes de montres à des prix similaires à la production asiatique actuelle. D’où la possibilité de rapatrier en Suisse l’essentiel de ces productions.
Quand bien même la Suisse sera évidemment aussi concurrencée dans ce domaine par les pays asiatiques, ces nouvelles technologies pourraient représenter une véritable révolution pour les sociétés horlogères actives dans les moyen et bas de gamme.
Bilan |