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Changement à la tête du Swatch Group. Manuel Emch, jeune CEO de la marque chaux-de-fonnière Montres Jaquet Droz, a donné sa démission. Une surprise. Il quittera dans la foulée la direction générale élargie du numéro un mondial de l'horlogerie, pour lequel il était aussi responsable de la Russie, de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale. Contractuellement, son mandat arrive à échéance à la fin de l'année, mais un départ anticipé n'est pas impossible.
«Après huit ans passés dans cette fonction, je souhaite explorer d'autres horizons. Mais je quitte le groupe en d'excellents termes et lui suis d'ailleurs infiniment reconnaissant de m'avoir offert cette opportunité professionnelle unique», a confié hier à «L'Agefi» le démissionnaire, âgé de 37 ans. Avec le sentiment du devoir accompli, ce dernier se laisse toutes les portes ouvertes pour son avenir, souhaitant toutefois œuvrer dans le domaine horloger ou artistique, voire dans une occupation alliant les deux. Un comité de direction, sous la houlette de Nicolas Hayek, président du groupe, prendra les rênes de la marque.
«Je crois pouvoir dire que Jaquet Droz est désormais définitivement arrimé sur sa rampe de lancement», a expliqué Manuel Emch, fils d'Arlette-Elsa Emch, CEO notamment de la marque Swatch et membre de la direction générale du groupe. «J'ai l'impression que j'ai bouclé la boucle», détaille encore le futur ex-CEO.
Pour preuve, la société a récemment lancé la construction de sa manufacture à La Chaux-de-Fonds, qui pourrait déboucher l'an prochain sur l'élaboration d'un calibre propre à la marque. Avec le nouveau site de production, les effectifs devraient grimper à 90 personnes. Le réseau de distribution, inexistant auparavant, continue par ailleurs de s'étoffer. Nonobstant le marasme économique, Jaquet Droz prévoyait l'inauguration de deux nouvelles boutiques en propre pour cette année, respectant ainsi le rythme d'ouverture annuel de la marque. Mais, surtout, elle a su trouver son style, avec une collection cohérente et facilement reconnaissable par son esthétique épurée.
L'an passé, Jaquet Droz a écoulé quelque 2500 montres, pour un chiffre d'affaires, selon nos estimations, de 45 millions de francs, c'est-à-dire 50 fois supérieur à celui d'il y a dix ans. Il s'agit certes d'une goutte d'eau dans l'océan des 5,97 milliards de ventes du Swatch Group, mais une contribution qui ne passe pas inaperçue auprès des spécialistes. L'entreprise avait notamment marqué les esprits cette année avec une pièce très originale, un automate à écrire le temps, présenté dans le cadre de Baselworld. En 2000, Swatch Group avait repris pour trois fois rien la marque à Cupola Venture Partners, ainsi qu'à des actionnaires minoritaires privés suisses.
BASTIEN BUSS, L'AGEFI - ArcInfo.ch |