Décidément, les grands horlogers suisses n’en finissent pas d’aider l’économie genevoise par le biais de leur incessante et croissante activité. Témoin et preuve sup­plémentaire de ce phénomène, une information, relayée par le journal mensuel économique ro­mand PME Magazine de cette semaine, est des plus étonnantes. A priori négatif, l’événement semble en définitive révélateur de la vitalité retrouvée de certai­nes activités industrielles gene­voises. Désirant sous-traiter dorénavant sa logistique à un partenaire suisse, le groupe de cosmétique l’ Oréal vient de déci­der de fermer sa centrale de distribution genevoise sise dans la zone industrielle de Plan­les- Ouates (désormais surnom­mée «Plan-les-Watch» en raison de son profil majoritairement horloger).
La fermeture de cette centrale d’expédition (qui dessert l’en­semble des clients en Suisse), prévue pour le 1er janvier 2008, aurait pu être un coup dur pour l’emploi genevois. 46 colla­borateurs sont directement concernés. Et c’est là que l’opéra­tion prend des allures de jolie histoire. Le voisin indus­triel de l’ Oréal n’est autre, en effet, que le grand horloger Patek Philippe, justement à la recherche de terrain et... de main-d’oeuvre. Unique en son genre, l’accord parfait vient donc d’être trouvé. Patek Philippe rachète les 33 000 m2 de terrain de l’ Oréal (pour une somme de 12 millions de francs) et tous les collaborateurs du groupe cosmé­tique se voient dans le même élan proposer un travail chez le fabricant de montres de luxe dès l’année prochaine. Difficile de faire mieux en termes de bon voisinage. Sans surprise, les deux sociétés semblent très satisfaites de l’accord trouvé.
Une extension est prévue
Du côté de Patek Philippe, on reste pour l’instant discret sur les futurs projets d’aménage­ment de cet immense terrain. Une extension est bien prévue, mais aucun architecte n’aurait été encore mandaté pour une autorisation de construire, précise le mensuel économique. Reste que l’horloger genevois démontre une fois de plus un bel appétit. Cette acquisition de terrain fait en effet suite au rachat des activités de l’an­cienne société Fluckiger à Saint­Imier, et à leur intégration dans Cadrans Fluckiger (une filiale appartenant à 100% à Patek Philippe).
En outre, Patek Philippe emploie aujourd’hui plus de 1000 collaborateurs à Plan­-les- Ouates et Perly.
30 000 montres par an
La manufacture, qui produit environ 30 000 montres par an­née, détient des participations dans une dizaine de sociétés. Selon la banque Vontobel, Patek Philippe réalise un chiffre d’af­faires de 550 millions de francs. Et arrive au huitième rang mon­dial en termes de ventes, selon un classement établi en 2006 par l’institut zurichois. Enfin, le total des emplois que repré­sentent les six plus gros em­ployeurs du secteur horloger à Genève est de 6400 avec Rolex, Richemont, Patek Philippe, Chopard, Franck Muller et Roger Dubuis.

Tribune de Genève