CEO - La valse des patrons horlogers se poursuit
 
Le 07-10-2009

La crise pousse au changement. Plus de trente CEO en ont fait les frais depuis douze mois. Et la série continue.

Que partagent Rolex, Audemars Piguet, Zenith, Ebel, Baume & Mercier, Gérald Genta, Daniel Roth, Romain Jerome, Concord ou encore A. Lange & Söhne? En moins d’un an, toutes ces entreprises horlogères ont perdu leur CEO, que ce dernier ait choisi «d’orienter différemment sa carrière professionnelle» ou qu’il ait été plus directement éjecté. Et la valse des patrons ne s’arrête pas à ces dix sociétés, puisque près d’une trentaine de patrons horlogers ont vu leur siège vaciller depuis le début de la crise.

Jean-Claude Biver, CEO de Hublot, le relevait dans une récente interview au magazine Revolution: «En temps de crise, les faibles s’affaiblissent et les forts se renforcent.» Ce qui est vrai pour les marques l’est à l’évidence aussi pour les CEO. Et dans l’horlogerie, en ces temps troublés, ce ne sont pas les seules petites marques indépendantes qui réclament des comptes à leurs patrons: Rolex, Ebel, Zenith et plus récemment Baume&Mercier ont vécu la chute de leurs CEO.

Les plus récentes mutations concernent le groupe Richemont. Elles sanctionnent les mauvais résultats de Baume & Mercier et de A. Lange & Söhne, et posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses sur l’avenir de Manufacture Roger Dubuis. Jérôme Lambert (CEO de Jaeger-LeCoultre) et Georges Kern(IWC) se sont vu confier dès juillet des responsabilités supplémentaires. Le premier chapeautant la direction de A.Lange& Söhne, le second celles de Baume&Mercier et de Manufacture Roger Dubuis. Des trois patrons des marques mises sous tutelle, deux n’ont pas accepté l’affront. En sept ans à la tête de Baume&Mercier, Michel Nieto n’est jamais parvenu à faire sortir la marque de ses errements et à la positionner clairement. En période faste, les résultats décevants de Baume & Mercier étaient noyés dans les bénéfices du groupe; ils sont appréciés autrement lorsque les bénéfices s’érodent partout ailleurs. C’est donc assez logiquement un proche de Georges Kern qui vient d’être appelé à la barre de la marque genevoise. Jusqu’alors directeur marketing d’IWC, Alain Zimmermann est désormais aux commandes de Baume&Mercier.

Erreurs stratégiques

A Glashütte, Fabian Krone, patron de la marque allemande A. Lange & Söhne, paie également pour les résultats en berne consécutifs aux mauvais choix stratégiques opérés sous sa direction. Le CEO de Jaeger- LeCoultre assure l’intérim. Reste à s’interroger sur l’intérêt de ces directions multiples et sur la capacité de Georges Kern et de Jérôme Lambert à assurer des arbitrages qui servent au mieux chacune des marques. Une nouvelle configuration qui intervient de surcroît dans une période où Richemont recherche son nouveau CEO.

SwatchGroup n’échappe pas aux réajustements propres aux temps de crise. La démission la semaine dernière de Manuel Emch, CEO de Jaquet Droz, en est le révélateur. Fils d’Arlette-Elsa Emch, notamment présidente de Swatch et membre de la direction générale du groupe, Manuel Emch a longtemps été protégé au sein du premier groupe horloger mondial. Il tire aujourd’hui sa révérence après des mois de tensions avec Nick Hayek, président de la direction générale de Swatch Group. Si le jeune patron était parvenu depuis 2000 à donner une véritable identité à la marque et à ses produits, les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Le creux de la vague est peut-être passé, mais la crise n’est pas encore terminée pour les horlogers. Et les sièges de quelques patrons semblent toujours tanguer dangereusement.
Michel Jeannot

Bilan

 

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