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Directeur de la création et du marketing, Lionel Giraud dévoile les idées forces de ce nouveau garde-temps.
Paul Miquel : Est-ce que la nouvelle Dandy Edition Arty, dont vous êtes à l’origine, a été créée pour ressembler à un iPhone ?
Lionel Giraud : Non, pas directement. Cette montre s’inscrit dans une atmosphère visuelle qui rappelle le design de l’iPhone d’Apple, voire d’un Blackberry, mais nous nous en sommes rendus compte qu’après la phase de conception. L’idée n’était pas de surfer sur l’environnement esthétique, ni sur l’identité tactile d’un « smartphone ». En réalité, je suis parti du modèle Dandy de base avec heures sautantes que nous proposons en platine ou en or rose. J’ai voulu opérer un grand changement en imaginant un boîtier en acier à la silhouette plus moderne. Pour l’affiner et lui offrir une ligne plus racée, nous avons ensuite décidé de légèrement le noircir. Après des essais avec de la céramique et de l’onyx sombre, j’ai retenu un traitement de surface en saphir noirci qui lui confère une vraie noblesse rebelle.
Pourquoi ce choix ?
Pour la profondeur et l’effet miroir noir que cela offre à la montre. Le saphir qui la recouvre est noirci sur sa face intérieure par un procédé complexe. Sur sa face extérieure, la glace est fumée et traitée anti-reflet avec un effet bleuté. Le noir et ses reflets deviennent ainsi une composante presque palpable, en tout cas essentielle de la Dandy Edition Arty. Et, pour lui offrir encore plus d’aspérité, j’ai placé la couronne à 12 heures.
Son bracelet est en veau verni avec une bande bayadère de satin noir. L’esprit « black tie » est présent sans pourtant devenir prégnant. La Dandy Edition Arty est-elle une montre de soirée ?
Oui et non. Elle possède tous les codes de la montre de smoking, mais ne se cantonne pas à cet environnement exclusif. Le cas de son bracelet est symbolique. Je ne voulais surtout pas l’équiper d’un alligator ou d’un croco traditionnel. Chez Chaumet, nous étions à la recherche d’une astuce pour prolonger l’effet miroir du cadran. J’ai alors pensé à la petite Pasha de Cartier en or jaune, que porte de temps en temps ma femme. Mon épouse possède cette montre depuis de nombreuses années et son bracelet en veau vernis noir n’a jamais bougé. On a essayé cette matière pour la Dandy Edition Arty. Et j’ai tout de suite été séduit. Il a fallu pourtant convaincre les commerciaux qui, au début, n’étaient pas réellement emballés par ce bracelet.
La Chaumet Dandy Arty est disponible en boutique depuis quelques semaines. Quelles ont été les réactions des premiers clients ?
Excellentes ! On ne vendra pourtant pas cette montre à tout le monde. Ce n’est pas l’objectif. Je crois que les gens ont compris notre démarche. Ils ont compris qu’il s’agissait d’un produit moderne réalisé sans concession. Cette montre possède une grammaire spécifique avec des règles particulières et des points durs. Sa signature est forte.
La Dandy Edition Arty doit-elle être perçue comme un produit d’appel pour Chaumet?
En terme d’image, oui. Mais cette montre n’est pas un produit grand public. Je la conçois davantage comme une nouvelle plateforme de création horlogère, une démarche vers un autre type de modernité. Il y aura d’autres Dandy Edition Arty dans un proche avenir, mais elles seront peu nombreuses. J’aimerais utiliser sa face externe pour créer de nouvelles ouvertures dédiées à d’autres complications, comme une grande date par exemple.
Votre rêve pour la Dandy Edition Arty de demain ?
J’aimerais que le peintre Pierre Soulages, grand spécialise des monochromes appelés « noir-lumière » ou « outre-noir », puisse un jour collaborer avec nous. Ce serait tout simplement sublime.
Propos recueillis par Paul Miquel
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