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Leçon n°1
Vous êtes séduit par les belles mécaniques et n'avez pas eu la chance d'hériter de la Patek Philippe de votre grand-père? Lancez-vous! Lecon n°1: activer la passion...
Plus besoin de tourner autour du pot: aujourd'hui, une montre sert à tout sauf à donner l'heure. Objet statutaire, signe extérieur de richesse ou fétiche contemporain, la montre est devenue l'outil identitaire numéro un de l'homme du XXIe siècle. Avec ou sans ostentation, le garde-temps arrimé au poignet –à gauche ou à droite– se veut un prolongement de la personnalité de son propriétaire. La mesure du temps n'est pas complètement devenue obsolète mais, pour certains, elle confine au détail. Dès lors, comment s'y retrouver pour commencer une collection ou, du moins, sélectionner la montre de ses rêves, celle que l'on chérira comme un enfant?
Quand on n'a pas eu la chance d'hériter de la Patek Philippe de son grand-père ou de la Rolex vintage de son père, il faut bien se lancer dans le grand bain. Calibre mécanique ou mouvement à quartz? Modèle habillé ou sportif? Avec ou sans chronographe? "Au départ, il faut se laisser guider par ses goûts, plaide Etienne Langiaux, un collectionneur parisien averti. L'idée générale est de se faire plaisir, d'agir en fonction des émotions ressenties et surtout de ne pas envisager ce premier pas dans le monde de l'horlogerie comme s'il s'agissait d'un investissement." Bref, n'achetez jamais votre première montre en pensant réaliser un placement financier. Ce serait tuer le rêve.
Même son de cloche auprès de Frédéric Bénichou, responsable des ventes de la boutique parisienne L'Etoile d'Or . "La première montre que l'on achète n'est souvent pas la bonne, explique paradoxalement cet amateur d'horlogerie fine. Dans la majorité des cas, on la revend ou on l'abandonne pour s'en offrir une seconde. Le premier vrai achat horloger sert souvent d'épreuve du feu, de test. Et c'est très bien ainsi." Contrairement au discours habituel se fondant sur la qualité de telle ou telle marque, la valeur de tel ou tel modèle, le look de tel ou tel boîtier, les conseils des professionnels valent leur pesant d'or: laissez-vous guider par vos sens.
Leçon n°2
Craquer pour une montre, "c'est comme avec une femme, on est d'abord attiré par un visage". La suite de notre série sur la meilleure manière de se lancer dans une collection...
Pour Romain Réa, expert parisien et directeur d'une boutique rive gauche, pour choisir une montre, "tout commence par le cadran". "C'est comme avec une femme, poursuit-il. On est d'abord attiré par un visage. Avec une montre, tout se passe par le cadran, le jeu des aiguilles, l'harmonie du tout. Puis on s'intéresse au boîtier, au bracelet. Le cadran, c'est la gueule d'une montre. C'est d'ailleurs très compliqué à réaliser."
Quand le coup de foudre est là, vient ensuite le temps de s'intéresser à la marque, au mouvement. En cas d'hésitation, il faut prendre celle qui vous plaît. Et non celle qu'un tiers vous poussera à prendre. "J'ai acheté ma première montre à 17 ans, continue Romain Réa. C'était un chronographe de pilote en plaqué or, doté d'une règle à calcul, qu'on m'avait conseillé. Elle était manuelle. C'était une erreur. En fait, il me fallait un chrono automatique en acier. J'ai vendu la première. Et c'est ma deuxième montre qui fut la bonne."
Pour se documenter, de nombreuses sources existent. Sur Internet, des forums portails d'actualités spécialisées ou marchands et les sites officiels des marques permettent de se constituer une bonne base de départ. " Internet est parfait pour aller chercher une information précise sur un modèle ou une marque, indique Romain Réa. En revanche, un Béotien peut rapidement s'y perdre vu l'incroyable foisonnement d'informations disponibles. Moi, je milite pour les livres, à l'ancienne!", comme la bible de Gisbert Brunner et Christian Pfeiffer-Belli, un incontournable. Les catalogues des maisons de ventes aux enchères sont aussi d'excellentes sources documentaires. Evidemment, les conseils de professionnels et les visites dans les salons sont aussi indispensables pour se forger une solide culture horlogère. Car, pour aimer une montre, il faut d'abord l'essayer.
Paul Miquel
L'Express.fr |