Swatch Group: le désengagement
 
Le 04-01-2010

Swatch Group veut-il vraiment cesser totalement de fournir ses clients tiers en composants et mouvements? Dévoilée peu avant Noël par son président Nicolas Hayek, l’idée donne des sueurs froides à plus d’un rival du géant biennois.

De l’avis de la Commission de la concurrence (Comco), Swatch Group détient une position dominante dans la fabrication des ébauches et des mouvements horlogers. C’est d’ailleurs en partant de ce constat que la Comco avait obligé en 2004 le numéro un mondial de la branche à fournir l’industrie en ébauches jusqu’à la fin 2010, et non au début 2006, comme Nicolas Hayek en avait eu l’intention au début de la décennie.

A ce titre, l’année qui débute constitue déjà la fin d’une ère. Les assembleurs qui ne faisaient que composer les mouvements fournis en pièces détachées par les filiales de Swatch Group, ETA en tête, ont peu à peu disparu. Face à l’échéance fatidique, certains – comme Sellita ou Soprod – ont investi pour développer leur propre appareil industriel et constituer une alternative. Des marques, telles que Hublot ou DeWitt, se sont dotées ex nihilo de leur propre manufacture. D’autres l’ont renforcée, à l’instar de plusieurs marques du groupe Richemont ou d’Ulysse Nardin au Locle.

Cela ne suffira pourtant pas. A la fin de décembre prochain, Swatch Group restera grand maître du jeu. Son désengagement dans les ébauches a certes déclenché une pluie d’initiatives dans la branche, mais de nombreuses sociétés ne sont pas prêtes. Ont-elles trop tardé à réagir? Ou cru trop longtemps que Swatch Group ne se désengagerait pas totalement? La récente annonce du fondateur de la société aura en tout cas douché les derniers espoirs. Et réveillé les pires craintes. Pourra-t-il vraiment cesser de fournir la concurrence? L’analyse de la Comco s’annonce cruciale.
Philippe Gumy

Le Temps

 

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