Retour aux sources de Zenith
 
Le 05-01-2010

Du côté de Zenith, on estime que le creux de la vague est passé. Par l'intermédiaire de son président, Jean-Frédéric Dufour, la marque horlogère locloise effectue un retour aux sources.

Depuis sept mois, Jean-Frédéric Dufour est en charge du destin de Zenith. Le CEO et président de la marque horlogère neuchâteloise fait un travail de fond sur les collections, en réduisant les références, afin de se focaliser sur ses valeurs manufacturières. Pour l'entreprise - qui emploie 200 collaborateurs, dont 180 en Suisse - en mains du groupe de luxe LVMH, le creux de la vague est désormais passé. «Mais je ne crois pas que l'on va retrouver rapidement les niveaux de ces dernières années. Pour nous, comme pour l'ensemble de l'industrie, 2010 sera une année difficile, mais de transition vers du mieux.»

Vous avez pris la direction de Zenith début juin, alors que la marque était en pleine tourmente. Comment cela s'est-il passé?

Plutôt bien, malgré le contexte chahuté. Depuis le 1er juin, date de mon arrivée, j'ai essayé de m'immerger dans ce qui fait la marque, ses racines, son histoire, son ADN, puisque je venais de l'extérieur et n'ai pas gravi tous les échelons à l'interne. Je me devais de connaître le bateau dont je prenais les commandes. Il me fallait découvrir, comprendre et convaincre. La première priorité a été de remettre la machine en route.

Pourquoi avoir accepté ce poste à hauts risques?

Pour le défi justement. Et parce que Zenith fabrique le meilleur chronographe automatique du marché. J'ai toujours été séduit par cette marque, qui n'a jamais cessé son activité depuis 1865, poursuivant toujours les mêmes buts, de qualité, de fiabilité et de précision. Preuve en est le dépôt de plus de 170 brevets et l'obtention de 1500 prix. C'est une des rares manufactures dans notre industrie qui fabrique 100% de ses mouvements de montres à l'interne. Sans parler du mouvement de légende El Primero, dont le pouvoir de séduction reste intact.

Qu'avez-vous fait depuis votre arrivée?

Immersion totale à tous les niveaux. Tant dans la manufacture qu'à l'extérieur. Je suis parti à la rencontre de tous nos marchés, idem des détaillants et des clients. Avec une visite à nos treize filiales à l'étranger et à près de 350 points de vente sur 700. Je crois n'avoir jamais passé une semaine complète au Locle, site de notre manufacture. L'objectif était d'aller à la rencontre des gens qui connaissent Zenith. De comprendre ce qui était juste et faux dans la démarche de la marque. Et de rectifier le tir au besoin. Chaque jour nous a permis de pousser la pierre un peu plus loin.

Avez-vous passé le creux de la vague?

Des indicateurs nous font croire ou espérer que le plus dur est derrière nous. Mais je ne crois pas que l'on va retrouver rapidement les niveaux de ces dernières années.

La société a licencié le quart de son personnel l'an passé. D'autres mesures de ce type sont-elles à craindre?

Je vais vous répéter exactement ce que j'ai dit à notre personnel à Noël. Je ne suis pas Madame Soleil, avec sa boule de cristal. Mais je suis confiant dans l'avenir, de ce que nous avons dans le pipeline et par rapport aux échos positifs que je reçois des marchés. Dans le même temps, je ne suis pas celui qui va pouvoir acheter toutes les montres produites. Cela dit, nous avons aujourd'hui la taille minimale, critique, pour faire tourner une manufacture industrielle digne de ce nom et capable de continuer à fabriquer nos propres mouvements. Et d'amener la société là où j'aimerais qu'elle soit dans les douze prochains mois.

Où donc?

Au niveau qualitatif, j'aimerais faire de Zenith la marque leader dans les chronographes mécaniques de précision, grâce à notre mouvement El Primero. C'est là que se situe notre vraie légitimité. Il faut une association naturelle et automatique dans le public entre la marque et ce chronographe. Tout connaisseur de montre devrait avoir un jour dans sa collection un de nos chronographes. Tout comme un collectionneur de grands vins de Bordeaux devrait posséder un grand cru, un margaux par exemple.
Bastien Buss

Arcinfo

 

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