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Alors qu'à Genève le Salon international de la haute horlogerie bat son plein, les petits artisans de l'Arc jurassien font grise mine. Menuisiers, vitriers et fabricants de coffrets ont reçu cette année beaucoup moins de commandes que d'habitude. L'heure est aux économies de vitrines.
Lundi dernier s'est ouvert à Genève le vingtième Salon international de la haute horlogerie (SIHH). Lors de ce rendez-vous annuel, les grandes marques se mettent en vitrine. Des meubles en principe confectionnés sur mesure, avec soin, par des artisans indépendants.
Pourtant, les fabricants de ces vitrines, écrins et coffrets, pour la plupart réalisés dans l'Arc jurassien, sentent passer la crise. Armand Studer, menuisier à La Chaux-de-Fonds, est l'un de ces artisans. «Il y a deux ou trois ans, les commandes des marques horlogères représentaient les 25% de mon travail. Mais cette année, avec la crise, je n'ai pas eu de commande. Les horlogers réutilisent le matériel des années précédentes», explique-t-il.
Pierre-Alain Kauffman, menuisier à La Cibourg, rencontre le même problème. «Les productions pour l'horlogerie représentaient les 50% de mon chiffre d'affaires il y a deux ans. Ce chiffre a chuté cette année», déclare le menuisier qui travaille notamment avec Patek Philippe et Girard Perregaux. Un nouveau facteur fait également son apparition: la concurrence asiatique. «Les coffrets spéciaux, réalisés dans des matières de premier choix, coûtent assez cher. Les productions asiatiques sont meilleur marché», constate Philippe Walzer, responsable du département coffrets chez Walzer SA menuiserie. «Cette année, notre production de coffrets a déjà baissé d'environ 80%», s'exclame-t-il. Heureusement pour Walzer SA, l'année passée a été excellente, notamment grâce à l'agrandissement de l'usine Ulysse Nardin, principal commanditaire.
Quant aux vitriers, dernier maillon de la chaîne de production, ils souffrent également de la crise. «Etant donné que ce sont les menuisiers qui nous passent les commandes, s'ils n'ont pas de travail… nous non plus», explique Daniel Payot de la vitrerie Jost. Le retour des affaires pour les grandes entreprises sera donc bénéfique aux plus petites, qui, pour l'instant... touchent du bois.
Lucien Christen
Arcinfo - L'Express / L'Impartial |