Nouvelle vague horlogère
 
Le 21-01-2010

Les petites marques indépendantes tiennent salon à Genève jusqu’à vendredi. Dans les couloirs du Geneva Time Exhibition, la satisfaction est de mise

Eclectisme. D’une montre à 300 francs au garde-temps à 1 mil­lion, de la manufacture tra­ditionnelle à la marque horlogère plutôt «marketée», le salon Geneva Time Exhibition (GTE) offre un riche éventail jusqu’à vendredi. Au Centre international de conférences de Genève, un seul leit­motiv: donner de la visibilité aux 38 marques horlogères présentes.

«Cela faisait de nombreuses années que les horlogers indépendants essayaient de se regrouper. Avec notre concept clés en main, nous offrons une plate-forme pour identifier de nouveaux marchés», estime Florence Noël, à l’origine du projet avec Dominique Franchino et Paola Orlando et leur société Time Exhibition. «Nous sommes vraiment très heureux que quelqu’un ait pris l’initiative de fédérer les marques horlogères, souligne Pascal Berclaz, président de la manufacture genevoise Quinting. Avant, nous nous retrouvions chacune dans un hôtel, ce qui n’était pas pratique. Maintenant, nos clients finaux, les bijouteries pour nous, peuvent venir voir les marques à un seul endroit.»

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Le pas suivant serait un rapprochement géographique avec le Salon international de la haute horlogerie de Genève (SIHH). «Nous entretenons des relations cordiales, même s’ils n’ont pas voulu nous soutenir», glisse Florence Noël, sans vouloir disserter sur l’avenir. Pour Pierre Dubois, qui a lancé la marque Pierre DeRoche à la vallée de Joux en 2004, «ce serait génial que le SIHH accepte le GTE à proximité, mais pour cela il faudrait que certains ego se dégonflent…». Fervent défenseur de ce salon dès le départ, Jorg Hysek, patron de HD3 Complication, estime qu’à long terme le secteur se réunira à Genève.

Le patron de Pierre DeRoche, qui propose notamment un chronographe concentrique (les trois aiguilles sur un même compteur), a vu dans le GTE une occasion de gagner en notoriété. S’appuyant sur l’entreprise familiale Dubois Dépraz pour les mouvements, le dirigeant de 51 ans, qui a fait l’essentiel de sa carrière chez Audemars Piguet, a pris l’option de la sous-traitance en toute transparence. «Sur notre site internet, nous listons tous nos fournisseurs, alors que certaines grandes maisons ont plutôt tendance à les camoufler», souligne-t-il. Le démarrage d’une marque n’est pas facile, et les deux années passées ont été âpres, avec une grande déception aux Etats-Unis. «Même l’Europe reste très difficile à pénétrer», poursuit le dirigeant, qui sera également présent à Bâle pour présenter ses nouveautés. Le patron aspire à atteindre l’équilibre financier bientôt, mais à sa manière: «Nous ne visons pas une notoriété marketing. Notre approche par le produit est plus lente, mais plus saine», conclut-il.

La nouvelle vague horlogère est-elle en marche (voir les trois portraits ci-dessous)? «Assurément, insiste Alain Silberstein. Et ceci est notre manifeste. Ici, ce n’est pas le cimetière de l’horlogerie. Toutes les grandes marques ont été des signatures de talents. Le GTE propose encore des signatures horlogères vivantes.»

Le créateur français, qui veut oublier 2009 au plus vite, estime que la montre n’est pas un produit, c’est une passion. Mais, pour l’assouvir, les indépendants se trouvent face au défi de la distribution, rappelle-t-il. «Ce salon nous offre justement la possibilité de rencontrer nos distributeurs potentiels, avec lesquels nous sommes en discussion. Je pense par exemple aux Etats-Unis», indique Cécile de Maye, directrice de Marvin.

Côté ventes, il faudra attendre la fermeture, vendredi, pour tirer un bilan de cette première édition. «Mais les premiers signes sont positifs», assure Florence Noël, qui souligne que l’objectif de 3000 visiteurs sera largement dépassé. Pour la prochaine édition, Time Exhibition a déjà créé une liste d’attente pour la quinzaine de marques qui souhaiteraient se joindre au mouvement. Quand les enseignements de ce premier salon auront été tirés, les organisateurs entendent également exporter leur concept, à commencer par l’Inde. «Nous proposerons un salon, et pas seulement aux indépendants, à Bombay, en septembre, annonce Florence Noël. Et l’intérêt est vif.» Ce que confirme Alain Silberstein: «Avec un salon de cette qualité, j’y vais tout de suite!»
Marie-Laure Chapatte

Le Temps

 

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