Internet est devenu un lieu privilégié pour la vente de contrefaçons horlogères. La FH veille mais les moyens sont limités par rapport à la force de frappe des filières de faussaires.

«Nous chassons les contrefaçons sur plusieurs niveaux.» Carole Aubert, avocate, est responsable de la cellule internet mise sur pied par la FH, la Fédération de l'industrie horlogère suisse. Une cellule, soit dit en passant, qui compte l'équivalent de 1,5 poste à plein-temps. Et le travail ne manque pas.

«Internet n'a pas révolutionné la contrefaçon», constate l'avocate. Le changement? Le vendeur prend moins de risques. La marchandise n'est pas écoulée dans un lieu public. Le consommateur, lui, risque davantage puisque sa commande pourrait ne pas lui parvenir.

Que ce soit l'identification des sites proposant des fausses montres de marque, les petites annonces ou les spams, les faussaires ne prennent pas de gants pour vendre leurs marchandises. Les spams sont ces messages non sollicités qui envahissent les boîtes aux lettres virtuelles. «C'est identique au Viagra ou au casino. Ils ont un intérêt pour les données personnelles comme celle des cartes de crédit», dit Carole Aubert en évoquant ces escrocs du Net.

Il en est tout autrement des sites de ventes aux enchères comme Ebay ou iOffer. La cellule internet de la FH repère alors les produits frauduleux et demande à ce type de plates-formes internet de les retirer de la vente. Les résultats sont contrastés: «Alors que les retraits sur iOffer ont passé de 64 454 à 172 036, les enchères clôturées chez eBay ont fondu de près de moitié - 2090 enchères en 2008 contre 1058 en 2009.»

Pour la FH, il y a plusieurs explications au phénomène. Les contrefacteurs redoubleraient d'activité en profitant de la possibilité de mettre en ligne des centaines d'annonces en une seule fois. «Tel est le cas par exemple chez iOffer, qui n'effectue par ailleurs aucun contrôle des offres publiées, malgré les nombreuses promesses de ses dirigeants», note Carole Aubert. Par contre, la mise en place de filtres et d'exigences par d'autres plates-formes expliquerait certaines diminutions des cas sur d'autres sites de vente aux enchères. Les faussaires ne sont pas dupes et changent d'environnement. «Les contrefacteurs sont très réactifs. Ce sont des pros et les montants en jeu sont très importants», ajoute l'avocate. En 2009, les enchères retirées sur deux plates-formes représentaient, selon une estimation, 22 millions de francs.

Il y a enfin les sites qui proposent des montres contrefaites. La cellule de la FH tente de savoir où ils sont hébergés. «Dans des pays exotiques, il est difficile de les faire fermer. Aux Etats-Unis ou en Europe, c'est plus facile.» Du côté de Bienne, les «chasseurs» tentent aussi de tirer des informations, des numéros de téléphone ou des adresses e-mail. Ils disposent pour cela de nouveaux outils informatiques. Le tout peut aboutir «à un raid». Parallèlement, la FH a noué des contacts avec les transporteurs et les organismes de cartes de crédit pour débusquer fraudeurs et faussaires.

Rappelons qu'un Suisse, qui achèterait une contrefaçon, verra son produit saisi et détruit. Outre le fait qu'il aura payé pour rien, il se verra infliger des frais. «De plus, la marque lésée pour déposer une plainte pénale.», conclut Carole Aubert.
Daniel Droz

Nombre record d'enchères retirées sur le web par la cellule de la FH en 2009
En 2009, la cellule internet de la FH a fait retirer 179 002 enchères de la Toile. Un nombre record par rapport à 2008, année lors de laquelle 71 339 offres avaient été soustraites du marché, cela représente une progression de plus de 150%. /réd

La contrefaçon coûte environ 800 millions à l'horlogerie
La branche horlogère paye un lourd tribut à la contrefaçon. La FH estime que le chiffre d'affaires atteint environ 800 millions de francs chaque année. Une somme qui va dans les poches de filières mafieuses. /réd

Arcinfo - L'Express / L'Impartial