Un brevet Seiko Instruments repensé par TAG Heuer pour le calibre 1887
 
Le 08-03-2010

TAG Heuer verticalise sa production en produisant les ébauches de son calibre 1887. Celui-ci a été conçu à partir du développement d'une société d'ingénierie propriété de Seiko.

«Pour la première fois, nous avons sous le même toit l'ensemble des métiers micromécaniques.» Le PDG de TAG Heuer Jean-Chrisotphe Babin a de quoi être fier. En 2009, en investissant plus de 20 millions de francs, la marque chaux-de-fonnier a accentué sa verticalisation. Outre les boîtes fournies par Cortech, la marque produit au même endroit les ébauches de son nouveau calibre 1887 à Cornol dans le Jura. Un atelier est entièrement dédié à leur fabrication.

«Nous sommes toujours en phase de démarrage», précise Jean-Christophe Babin. Avant d'investir les locaux de Cornol, TAG Heuer a effectué des tests pendant neuf mois dans une usine pilote à Courgenay. Disposant aujourd'hui d'un parc de machines unique - un processus à sec et en ligne développé par la société Fleury de Bienne -, TAG Heuer pourra à terme produire 500 000 ébauches, soit l'équivalent de 50 000 mouvements. Pour cette année, l'objectif a été fixé à 20 000 calibres. «Il y a une grande modularité. Chaque machine peut produire n'importe quelle pièce», explique Jean-Christophe Babin.

Les ébauches prennent ensuite la direction de La Chaux-de-Fonds où elles sont assemblées pour donner naissance au calibre 1887. «On prolonge cette chaîne unique avec un flux linéaire mais modulable. Tout ça permet des avantages en terme de productivité, de coûts et surtout de qualité», dit Jean-Christophe Babin.

Pour réaliser ce calibre 1887, TAG Heuer a acquis la propriété intellectuelle d'un mouvement mis au point par la société d'ingénierie SII - Seiko Instruments Incorporated. La nouvelle n'a pas été sans provoquer des remous, sur internet notamment. «Nous avons clairement sous-estimé l'importance de la propriété intellectuelle», confie Jean-Christophe Babin. «Ce brevet a été peu utilisé et pas industrialisé. SII a été ravie de le vendre.» Le calibre de base a été redessiné. «Nous l'avons repensé pour qu'il puisse accueillir un assortiment suisse.» L'achat d'un brevet n'est pas inhabituel. «Dans l'horlogerie, c'est un us relativement fréquent», commente Jean-Christophe Babin. Les réactions sont différentes, lorsqu'il s'agit d'un produit japonais, c'est «à la fois émotionnel et rationnel. Le Japon fait peur et SII est considérée comme une société extrêmement performante».

«Il n'y a pas 36 façons de façons de construire un V8 3 litres», explique-t-il encore par analogie à l'automobile. Outre les ébauches de Cornol, les composants du calibre 1887 proviennent de 21 partenaires suisses et de Seiko pour l'acier et le décolletage. «Le mouvement est très largement Swiss made.»

Il habillera un modèle Carrera. «Ce calibre est très récent, relativement compact, intégré et évolutif», conclut Jean-Christophe Babin.
Daniel Droz

Arcinfo - L'Express / L'Impartial

 

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