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Quelle est l'importance de Baselworld pour les marques horlogères? Que font-elles au salon? L'avis et l'expérience de trois directeurs de marques neuchâteloises.
«Pour nous, Baselworld, est très important parce que nous avons une collection entière et une nouvelle stratégie de prix. Il faut aussi activer des ventes.» Nouveau directeur général du secteur horloger et bijoutier de Gucci, Michele Sofisti est convaincu de l'importance du Salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie de Bâle.
PDG de TAG Heuer, Jean-Christophe Babin est d'accord. «En sept jours, j'arrive à voir 30% de mes clients. Ce qui est exceptionnel.» Par client, il faut comprendre distributeurs, agents, détaillants. Reste que la marque chaux-de-fonnière ne compte pas essentiellement sur le rendez-vous rhénan pour boucler ses carnets de commandes. «Nous avons une force de vente de 120-150 personnes qui voient des clients tous les jours.» TAG Heuer est très intégrée en termes de filiales, y compris avec les clients. Les ventes sont quotidiennes.
«Bâle, il est important d'y paraître, d'y apparaître», dit pour sa part le président de Tissot François Thiébaud. «S'il n'y avait pas Bâle, nous serions moins boostés.» S'il est normal d'y être, selon lui, «au niveau des commandes, c'est important mais pas nécessaire». Bien que francophone, François Thiébaud est un fervent partisan du rendez-vous rhénan. «Pour un francophone, Genève est beaucoup plus agréable, mais Bâle offre la neutralité parce qu'il n'y a pas d'industrie horlogère.»
«Bâle est le seul endroit au monde où tous les acteurs passent. C'est incontournable. Les premiers feed-back sont excellents», dit de son côté Michele Sofisti. «Bâle a un savoir-faire dans l'exposition. Le personnel est habitué», ajoute François Thiébaud. «Dans toute cette infrastructure, nous sommes gagnants», conclut-il en prenant comme exemple la sécurité.
Que font les marques à Baselworld? «Nous présentons les pièces qui sortiront entre mars et juillet», répond Jean-Christophe Babin. «Il faut qu'une nouveauté crée un plus par rapport à un produit existant», précise le PDG. «Les clients sont différents. Nous ne vendons pas à Chicago ce que nous vendons à New York.» En fait, l'opération consiste à remplacer les produits. «Si tu m'achètes ça, c'est à la place de quoi», image Jean-Christophe Babin. A Bâle, TAG Heuer va estimer de quelle façon les nouveautés vont générer un plus en termes de valeur pour le client et lui permettre d'augmenter les ventes au mètre carré. Bâle reste la plate-forme d'échanges de la branche horlogère.
Le stand Tissot, une vraie ruche
Baselworld sert aussi à se faire connaître du public. «Il y a des petites et moyennes entreprises qui sont inconnues des consommateurs sur le marché suisse, mais importante à l'international.» Juerg Bohne, directeur d'Atlantic, profite de l'événement rhénan pour faire connaître sa marque de moyen de gamme. Les médias suisses ont été invités à venir la découvrir. Basée à Longeau dans le canton de Berne, elle existe depuis 1888. Autrefois propriété du groupe Asuag, elle a été vendue dans les années 1980. Reprise par un petit groupe financier en 1996, elle est indépendante des grands groupes horlogers.
«Malgré une tradition de 122 ans, elle n'a jamais été distribuée en Suisse», dit Juerg Bohne. Atlantic a engagé Christina Surer, pilote automobile et animatrice TV en Suisse alémanique, comme ambassadrice «pour créer une image dynamique et sportive». La tâche ne sera pas aisée. «Le marché suisse est saturé. La bonne distribution est contrôlée par le Swatch Group. Il est difficile de se positionner», lâche le directeur. Les produits? «On peut trouver presque tout chez Atlantic», répond Juerg Bohne. Féminines ou masculines, les montres se veulent sportives ou classiques. Le top de la ligne est un chronographe mécanique à 1500 francs. /dad
«Nous sommes chargés jusqu'au mardi.» Responsable produit chez Tissot, Nicolas Clerc procède à une quarantaine de présentations pendant le Salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie. Une trentaine de marchés prendront ainsi connaissance des nouveautés de la marque locloise. Dans le stand, ce sont plus de 2000 montres qui circulent entre les différents bureaux. Pendant plusieurs jours, l'endroit bourdonne à l'image d'une ruche. Avec la presse ou les clients, les rendez-vous se succèdent à un rythme effréné.
«On pourra trouver une montre pour chaque poignet chez Tissot cette année», avance Nicolas Clerc. Comme chaque année, les collections couvrent un large éventail. A commencer par la gamme tactile, qui s'enrichit d'un modèle Sailing Touch, destiné aux passionnés de voile. «C'est la grande nouveauté», précise le responsable produit. Aux fonctions de base s'ajoutent une fonction compte à rebours de 5 minutes pour les régates et le LCD. Une boussole permet aussi de mesurer la vitesse du bateau. Et les autres nouveautés de défiler sous vos yeux: T-Race pour les fans de moto; le chronographe automatique Velocity; la montre dame Lovely ou encore Bridgeport, un modèle héritage. Sans oublier la PR516, «une des meilleures familles de Tissot et sans publicité».
Comme le dit son directeur général François Thiébaud, «Tissot est multispécialiste». La marque propose des pièces classiques, sportives et techniques. «Je suis fier de mes collègues de travail. Ils mettent de la passion dans ce qu'ils font.» L'avantage de la marque locloise est de produire des volumes, plus de 2 millions de pièces par année selon des estimations. «Ils permettent d'avoir, en amont, des prix intéressants et ceci bénéficie au consommateur tout en ayant une marge raisonnable», explique François Thiébaud. «Avec 16 000 points de vente dans plus de 160 pays, Tissot a la distribution horlogère la plus grande dans le monde», poursuit-il. Aujourd'hui, la société possède aussi 70 boutiques en nom propre. «Nous allons ouvrir la première boutique Tissot sur les Champs-Elysées à Paris», se réjouit-il. «C'est un signe d'excellence. ça confirme que c'est une marque sur laquelle on peut investir.»
Daniel Droz - Bâle
Arcinfo - L'Express / L'Impartial |