A Muzo, chaque émeraude est certifiée «100% éthique»
 
Le 15-07-2010

Une société basée à Genève gère la plus célèbre mine de Colombie: Muzo International.

«Le vert ne véhicule que des valeurs positives. C’est la couleur de l’espoir, celle de la renaissance, c’est aussi le symbole de l’écologie…» Dans son bureau, qui offre quelques instantanés touristiques de la rue du Rhône, Gilles Haumont présente une ou deux émeraudes solitaires. Les autres pierres? Sous bonne escorte, elles se sont envolées en début de semaine vers la Beirut Jewelry Week. Depuis une dizaine de mois, le Français est directeur de Muzo International – une société basée à Genève, qui gère le plus célèbre gisement d’émeraudes en Colombie.

«Historiquement, il existait trois grandes mines, précise-t-il. Golconde, en Inde, pour les diamants, Mogok, en Birmanie, pour les rubis, et Muzo, pour les émeraudes. Elle est la seule à être toujours en activité…»

Située au nord-ouest de Bogotá, dans les Andes, cette mine est exploitée officiellement depuis le XVIe siècle. A l’arrivée des conquistadores espagnols.Elle est aujourd’hui la propriété de l’Etat de Colombie. Créée en septembre 2009, Muzo International est la filiale marketing et commerciale du groupe Texma qui vient de reprendre le contrôle de la concession.

Assainir le site

«Notre première mission a été de sécuriser les lieux, explique Gilles Haumont. Trois mois de travaux sur place pour assainir la mine et construire de nouveaux baraquements pour nos employés. Il y a aussi une école à disposition de leurs enfants.» Sur place, la société genevoise a aussi tenu à régulariser la situation des mineurs. En leur offrant un contrat de travail. En s’acquittant aussi des assurances sociales. Une attitude qui colle parfaitement à sa stratégie.

Muzo International tient en effet à imposer un code éthique pour l’extraction de l’émeraude. «Ce commerce a beaucoup souffert du fait de l’opacité du marché et de la situation politique en Colombie, précise Gilles Haumont. Depuis une vingtaine d’années, on avait aussi pris l’habitude d’injecter de la résine époxyde dans l’émeraude pour en remplir les inclusions (ndlr: qu’on appelle aussi le «jardin» de l’émeraude puisque ces fissures ont souvent une forme de branche). Un procédé totalement proscrit par les principales sociétés de joaillerie!»

«Le nerf de la guerre»

Pour le directeur de Muzo International, la traçabilité est désormais devenue «le nerf de la guerre». «Pour le client, l’important est désormais de savoir de quel puits la pierre a été extraite, confie Gilles Haumont. C’est pourquoi nous travaillons en collaboration avec le laboratoire GemTech à Genève afin de confirmer que l’émeraude provient géologiquement des mines de Muzo.» Mieux: en verticalisant le marché, la société genevoise contrôle chaque étape de la «fabrication». De la mine au client. «Les émeraudes sont acheminées directement vers nos ateliers de Bogotá», ajoute Gilles Haumont. Là, chaque pierre est taillée avant d’être enduite d’huile de cèdre. Une substance 100% «autorisée» qui sert à l’embellissement de la pierre.

«A terme, nous cherchons à créer une marque de luxe dans le monde des pierres précieuses», convient encore le directeur de Muzo International. S’il se refuse à parler de chiffres, il admet cependant que le rendement de la mine en Colombie représente près de deux tiers de la production mondiale d’émeraudes. En mai dernier, Gilles Haumont est surtout parvenu à glisser un orteil dans le show-business: Muzo International a en effet profité du Festival de Cannes pour organiser une soirée glamour avec la maison Chopard. Déjà une forme de respectabilité…
Jean-Daniel Sallin

Tribune de Genève

 

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