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Les ventes sur les cinq premiers mois de l’exercice 2010-2011 ont progressé de plus d’un tiers
Le groupe genevois Richemont tutoie à nouveau ses niveaux d’avant-crise. Le numéro deux mondial du luxe, actif notamment dans l’horlogerie, la joaillerie et les instruments d’écriture a publié mercredi des ventes en très forte progression, légèrement supérieures même aux attentes. Son chiffre d’affaires sur les cinq premiers mois de son exercice 2010-2011 a progressé de 37%.
En monnaies locales, à taux constants et sans l’acquisition du site Net-A-Porter, les ventes ont augmenté de 22%, contre un recul de 21% sur la même période de l’an passé. Par rapport à ses concurrents, Richemont se classe juste derrière Swatch Group (+24%) en termes de croissance. Mais surpasse Bulgari (+8%), LVMH (+11%) Tiffany (+13%) et Hermès (+20%), selon des données compilées par la banque Vontobel. Conséquence, le groupe gagne de significatives parts de marché, selon l’analyste d’Helvea.
Effet de base favorable
Des progressions qui s’expliquent certes par des bases de comparaisons aisées, en raison d’une première partie d’année 2009 calamiteuse pour le luxe, mais qui confirment le redressement plus rapide et plus fort qu’attendu de ce secteur. Richemont, par ailleurs numéro un mondial de la joaillerie (Cartier, Van Cleef & Arpels), a bénéficié de l’intense appétit des consommateurs asiatiques pour ses produits, avec des ventes en hausse dans cette région de 36%. Les clients américains, devenus très réticents durant la dernière récession, ont également retrouvé le goût des dépenses luxueuses (+38%). Pour sa part, l’Europe, qui demeure le premier débouché de la société présidée par le Sud-africain Johann Rupert, a crû de 23%. La vigueur de la reprise est tirée par le consommateur final et semble démontrer qu’il ne s’agit plus d’un simple phénomène de restockage de la part des détaillants.
Rachat d’actions?
Le président du groupe et également directeur-général, cité dans un communiqué, estime qu’il est toutefois prématuré d’en tirer des conclusions sur la durabilité de la reprise conjoncturelle et de pouvoir affirmer que la récession fait désormais partie du passé. Sur la base de l’évolution de ses ventes, le direction, connue pour sa prudence dans les prévisions, n’en anticipe pas moins, pour le premier semestre, un bénéfice nettement plus élevé. La société dispose en outre d’un marge de manœuvre opérationnelle de taille. Avec une position en cash de 1,9 milliard d’euros (2,47 milliards de francs), et ce malgré l’acquisition en avril de Net-A-Porter.
Que fera le groupe de cette importante manne? Des acquisitions de marques horlogères semblent peu probables, à l’inverse d’achats de fournisseurs. Vontobel note que cet argent laisse au groupe l’opportunité par exemple de lancer un programme de rachat d’actions ou le paiement d’un dividende exceptionnel. Malgré la solidité de ces chiffres après cinq mois, la bourse n’a pas répondu par la positive, avec une action en recul de 1,34% vers 11h45 mercredi. Ce qui n’empêche pas HSBC de recommander encore les valeurs du luxe à l’achat. La banque est d’avis que, malgré la forte appréciation des titres du secteur ces derniers mois, le potentiel de hausse reste intact pour la plupart des groupes.
Bastien Buss
Le Temps |