|
Rétrospectivement, les 75 années vécues par Rolf Schnyder tiennent davantage du roman d’aventures que de la simple biographie, et il reste le premier à admettre qu’il a vécu de formidables moments. « Jusqu’ici, je vis une belle aventure, et elle est loin d’être terminée, » déclare-t-il. « J’ai grandi à Zurich, en Suisse, et j’ai été élevé comme tous les enfants suisses, partageant mon temps dans ce magnifique pays entre les jeux, le ski et les apprentissages. Mais j’avais un rêve que nul autre ne partageait, celui de voir plus loin par delà les frontières. »
Dès ses 22 ans, Rolf Schnyder est recruté par une société d’import-export suisse, puis envoyé à Bangkok afin de distribuer des montres suisses sur le marché thaïlandais. Cet audacieux voyage signe en réalité les prémices d’une odyssée de plus de 53 ans dans le monde de l’horlogerie. En 1968, il crée en Thaïlande la première usine suisse d’Extrême-Orient consacrée à la fabrication de composants de montre de précision destinés à l’exportation vers la Suisse. Son palmarès s’enrichit ensuite d’une usine de fabrication de boîtiers de montre à Manille, et une autre de fabrication de cadrans à Kuala Lumpur, toutes deux produisant de nombreux composants de montre de précision pour le marché horloger suisse.
Il précise : « J’avais enfin trouvé l’aventure exotique que je désirais tant ; j’ai découvert des lieux où pas un seul Suisse ne s’était encore rendu et j’ai même rédigé des articles à ce sujet dans des publications suisses ou étrangères. J’ai appris la langue, parcouru le pays pour vendre des montres suisses et j’y ai démarré ma carrière d’entrepreneur. A l’époque, cette partie de l’Asie était encore un territoire peu exploré par les Européens, j’ai alors pu y faire des choses aujourd’hui impossibles, telles que construire un radeau à la frontière birmane et descendre la célèbre rivière Kwai, bivouaquer sur la plage à Phuket (aucun hôtel n’y avait encore été construit), séjourner au Laos et au Vietnam en temps de guerre, visiter la Chine en pleine révolution culturelle, et bien plus encore. J’ai longuement parcouru le continent, traversé la Thaïlande, le Laos, Bali, le Cambodge, la Chine, le sud du Vietnam, le Japon et j’ai passé 3 mois dans le Pacifique Sud à naviguer d’île en île, des Fidji et du Tonga jusqu’à Tahiti et Bora Bora. »
L’une des singularités de Rolf Schnyder est d’avoir su concilier le plaisir absolu et le travail acharné. Il a été rugbyman au Royal Bangkok Sports Club, a organisé des circuits pour les touristes européens vers les endroits les plus isolés de Thaïlande et sur la route des temples d’Angkor Wat au Cambodge, il a créé des sociétés, collectionné des objets d’art anciens et mené la vie d’insouciance d’un célibataire. Ancien skieur sur piste, il décide sur un coup de tête de se lancer dans le ski nautique de compétition, et remporte même en 1967 le marathon de ski nautique de Hong Kong, organisé autour de l’île.
« C’était au-delà de mes rêves les plus fous, et c’est précisément à cette époque que j’ai découvert la stratégie qui allait décider de mon avenir : rester à l’affut de la moindre opportunité et savoir prendre des risques calculés, » ajoute-t-il.
C’est lors de l’un de ses séjours annuels à Saint-Moritz, où il participe à la compétition de Skeleton sur le Cresta Run, qu’il apprend qu’Ulysse Nardin est à vendre. C’était en 1983, alors que l’apparition des mouvements à quartz plongeait l’industrie horlogère suisse en plein marasme. Selon lui, Ulysse Nardin n’était alors guère plus qu’une coquille, une carcasse au nom célèbre, et il entreprit de transformer la marque en mettant l’accent sur des pièces d’horlogerie uniques et compliquées, mais toujours innovantes. Des montres telles que l’Astrolabium Galileo Galilei, la Planetarium Copernicus, la Tellurium Johannes Kepler, la répétition minute Jaquemart San Marco, la Freak, la Genghis Khan et bien d’autres ont toutes un thème commun : l’innovation. Depuis que Rolf Schnyder a relancé la marque, Ulysse Nardin n’a jamais cédé son rôle de précurseur de l’adoption de nouveaux matériaux, de nouvelles technologies et de nouvelles approches.
En 2003, les accomplissements et l’engagement entrepreneuriaux de Rolf Schnyder sont récompensés par le prix Gaia « Spirit of Enterprise », décerné par le Musée International d’Horlogerie, reconnaissant ainsi publiquement sa contribution au monde de l’horlogerie. A ce prix succède cette année le « Lifetime Achievement Award » du Grand Prix d’Horlogerie de Genève- Edition Asie, venu souligner sa contribution immuable à la technologie et aux innovations.
Rolf Schnyder partage actuellement son temps entre la Suisse et la Malaisie. S’il ne supervise pas ses affaires au Locle, c’est qu’il se trouve chez lui à Kuala Lumpur ou rend visite à des filiales et des revendeurs partout dans le monde. Schnyder occupe une superbe et vaste villa tropicale avec sa femme Chai, originaire du Sarawak, et leurs trois enfants adolescents.
Pour fêter son anniversaire, et honorer le chemin parcouru par Ulysse Nardin, la marque a décidé de présenter une nouvelle édition limitée et en platine de la Freak Diavolo, frappée de la signature de Rolf Schnyder au dos du boîtier. Le choix se porta sur cette Freak spéciale, limitée à 75 pièces dans le monde entier, car elle illustre cette force d’innovation caractéristique de la renaissance d’Ulysse Nardin. Comme Rolf Schnyder l’exprime très justement, la Freak a bouleversé et inspiré la fraternité horlogère. La Freak associe l’innovation technologique à un esthétisme révolutionnaire. Une montre dotée d’un tourbillon carrousel, sans couronne, aiguilles ni cadran et doté d’un échappement Dual Direct réalisé en silicium, un nouveau matériau léger, qui ne nécessite aucune lubrification.
« Il y a près de 30 ans, j’ai racheté Ulysse Nardin, c’était un risque calculé dans le sens où j’étais persuadé que des montres mécaniques aussi uniques qu’innovantes pouvaient s’imposer sur le marché, et j’avais apparemment raison, » explique Rolf Schnyder. « Je suis tombé amoureux de cette marque prestigieuse et de notre nouvelle orientation en matière d’innovation. Pour fêter mon 75e anniversaire, j’ai choisi la Freak, car elle incarne cette percée historique réalisée par Ulysse Nardin et par l’industrie horlogère en général, et elle est de loin notre pièce majeure. »
Interrogé sur le souhait qu’il formulera en soufflant les 75 bougies de son gâteau d’anniversaire, Rolf Schnyder avoue : « Je souhaiterais pouvoir remonter le temps, pour tout recommencer ! »
> Ulysse Nardin - Freak Diavolo Rolf 75 |