Un portrait de la Déesse de la miséricorde en argent
 
Le 06-07-2007

Trân Huu Nhon, un artisan de Huê, a réussi à faire un portrait de la Déesse de la miséricorde en argent. Une première pour lui comme pour le pays.

Le portrait de la Déesse de la misé- ricorde, de 60 cm de hauteur, se compose de traits vivants et souples comme ceux d'un dessin. Pour donner naissance à cette oeuvre, l'artisan a dû préalablement utiliser la méthode de dâu, une technique de façonnement du métal en filets très fins. Ce travail manuel exige autant de créativité que d'habileté. Ce tableau a coûté à l'artisan un mois de travail. Il a été exposé comme "œuvre originale" lors du Festival des métiers traditionnels, en juin dernier à Huê, province centrale de Thua Thiên-Huê.

"J'ai donné naissance à cette oeuvre avec toute la passion que j'ai pour le métier auquel je consacre toute ma vie. C'est une occasion pour moi de contribuer à mettre en valeur la joaillerie traditionnelle de Huê", confie l'artisan de 75 ans.

Selon M. Nhon, les techniques de joaillerie de Huê ne sont aujourd'hui réalisées essentiellement que par les méthodes de tron (fabrication d'objets automatisée) et de tram (gravure d'images). Pourtant, "je veux rappeler à tout le monde que la joaillerie de Huê possède encore une autre technique traditionnelle, le +dâu+, qui exige beaucoup plus de finesse et de créativité que le +tron+, mais qui a malheureusement tendance à être oubliée", souligne l'artisan.

Grâce à son expérience et son talent, M. Nhon est réputé dans les milieux de joailliers. Il a reçu donc de nombreuses commandes exigeant une haute qualité d'ouvrage.

Dévouement au métier traditionnel
Trân Huu Nhon est né dans une famille qui exerce la joaillerie depuis plusieurs générations. Il a décidé de s'attacher à ce métier à l'âge de 14 ans. Lorsque son père est mort, il a été confié à son oncle maternel Hoàng Tân Ich, propriétaire d'un atelier de bijouterie en argent, au village Minh Huong à Huê. Sous la direction ce dernier, M. Nhon a fait ses premiers pas dans ce métier. Il a ensuite fait son apprentissage dans la boutique d'or Vinh Mâu de Trân Duy Tùng, un artisan renommé à l'époque. Très doué, M. Nhon a pu créer plus tard sa propre boutique d'or et d'argent Vinh Long qui est ensuite devenue une grande marque à Huê. Actuellement, 2 de ses 10 enfants apprennent ce métier traditionnel. L'artisan expli-que que "la joaillerie n'a pas beaucoup de secrets ou d'énigmes comme d'autres métiers. Mais pour devenir un artisan qualifié, on est obligé de travailler dur et d'être adroit".

M. Nhon constate qu'aujourd'hui, les produits de fabrication industrielle ont tendance à s'imposer face aux produits manufacturés. Cela permet de produire en quantité sans perdre de temps, mais l'ima-gination des artisans est pâtie. "Je désire contribuer à maintenir le métier traditionnel et à transmettre les techniques aux jeunes générations", conclut le vieil homme.

Comme d'autres métiers traditionnels comme la fonderie du village de Duc ou la céramique de celui de Phuoc Tich, la joaillerie de Kê Môn, à Huê, est connue non seulement dans l'ancienne capitale impériale, mais aussi au niveau national. Ce métier date de la fin du 18e siècle et provient de l'initiative de l'ancêtre Cao Dinh Dô, venu de la province de Thanh Hoa (Nord), qui s'installa et développa la joaillerie dans le village de Kê Môn (district de Phong Diên), où l'on fabrique encore des bijoux en or et argent comme des anneaux, des colliers ou des boucles d'oreilles. De nombreux joailliers originaires de Kê Môn exercent aujourd'hui leur métier partout dans le pays, notamment à Hô Chi Minh-Ville.

Le Courrier du Vietnam

 

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