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Parmigiani a présenté la première horloge mécanique qui décompte le temps selon le calendrier islamique. Un bijou de technologie à 2,5 millions
L'objet ne fait que 30 centimètres de haut pour 17 kilos, mais il fera date dans l'histoire de l'horlogerie. Présentée lundi à Abu Dhabi, dans les Emirats arabes unis, l'horloge conçue par le Neuchâtelois Michel Parmigiani est la première du monde à décompter le temps selon un calendrier perpétuel musulman. Coût de ce petit bijou de technologie: 2,5 millions de francs. Ce qui en fait, reconnaît son inventeur, le calendrier le plus cher et le plus complexe du monde.
Désignée comme un «hommage au monde musulman», l'horloge a exigé quatre ans de travail acharné. Quatre ans pour parvenir à créer un mécanisme capable de s'aligner sur le cycle de la lune. Car le calendrier islamique, ou hégirien, est un calendrier lunaire, rappelle Michel Parmigiani. Il compte en moyenne 11 jours de moins que notre calendrier solaire. Toute la difficulté étant de tenir compte des années communes de 354 jours et des années abondantes de 355 jours. Un vrai casse-tête.
Laïc et scientifique
Créer des objets destinés au monde musulman, et en particulier aux très riches pays du Golfe, serait-ce une nouvelle tendance dans l'horlogerie? A La Mecque, c'est un ingénieur schwytzois qui a conçu l'immense Makkah Clock, qui servira à appeler cinq fois par jour les pèlerins à la prière. «Mon calendrier n'a rien à voir avec ce monument», tranche Michel Parmigiani, qui se défend d'avoir créé un objet religieux: «C'est une pièce d'art horloger, un objet laïc et scientifique. Bien sûr, tous les calendriers ont une base religieuse. Mais le mien n'indique ni les heures de la prière ni les fêtes religieuses.»
Et, comme pour se défendre d'avoir cédé à une mode, il explique que l'idée lui est venue il y a plus de vingt-cinq ans: «En 1984, j'avais restauré une pièce d'horlogerie datant de la Renaissance, destinée à l'époque à un sultan de l'Empire ottoman. Elle possédait un calendrier lunaire, ce qui m'avait interloqué. Mais il s'agissait d'un calendrier simple, qui se déréglait chaque année. Depuis, j'ai toujours voulu relever le défi de créer un calendrier perpétuel hégirien. Les calendriers me passionnent. Ils représentent les différentes civilisations, leur histoire. A Abu Dhabi, les gens étaient d'ailleurs très étonnés de voir un Occidental s'intéresser à cette science et à cet aspect de leur vie culturelle!» Destinée à une clientèle fortunée et cultivée, l'horloge sera présentée en janvier au Salon de la haute horlogerie de Genève. Elle sera commercialisée au mois de février. Quelques exemplaires seulement seront mis sur le marché: chaque pièce nécessitant une année de travail, la maison Parmigiani Fleurier ne pourra guère en produire plus de deux par an.
La marque neuchâteloise n'exclut pas, à l'avenir, de produire aussi une version de poche, à un prix un peu plus démocratique. «L'horloge actuelle est un objet d'art, totalement atypique par son mécanisme et ses matériaux. Une version plus basique est envisageable», observe Michel Parmigiani. Et l'horloger d'ajouter qu'il songe surtout aujourd'hui à son prochain défi: commercialiser, sur le modèle de son calendrier musulman, un calendrier maya. Destiné lui aussi à une clientèle plutôt exclusive, cela va de soi.
Renaud Malik
LeMatin.ch
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