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Grand, noiraud, fashion, dans le style métrosexuel, Pierre Koukjian, 44 ans, sent la baraka. Au premier regard, on repère en lui le gars à qui la chance sourit. «Je me définirai principalement comme un designer, horloger et joaillier. J’ai besoin de dessiner ce que j’aime, les montres, les bijoux, mais aussi mes chaussures ou mes boucles de ceinture. A la main et non pas sur support informatique. »
Sa boucle de ceinture en jette. Ses godasses aussi! «Mes souliers, je les fais fabriquer sur mesure à Madrid. » Avec un bureau dans la capitale espagnole, un autre à Vienne, et enfin un troisième à Genève, Pierre Koukjian est un homme cosmopolite. Ses origines? Libanaises. Son trait de caractère saillant: la confiance en lui, sans doute un héritage de son papa militaire.
Deux fois plus de temps
Et lui, aujourd’hui, c’est surtout les montres signées deLaCour. Née il y a quatre ans, la marque se distingue au travers d’une de ses inventions principales: la montre bichrono. Comme son nom l’indique, au lieu d’une seule, deux montres chrono sont montées sur le même bracelet. Pour quel prix? Celui d’une marque horlogère de luxe qui navigue désormais dans le haut de gamme. Plusieurs fois primée, la bichrono est l’une des fiertés de Pierre Koukjian. «Elle est arrivée deuxième en classe design, juste après celle de Frank Muller, au Grand Prix de l'horlogerie à Genève, en 2003. Un an après, au Japon, lors du Prix Watch of the year (montre de l’année), elle a décroché le Prix du design. Dans le cadre de ce concours mondial prestigieux, les gagnants sont directement désignés par les organisateurs, et non sur candidature. Et, en 2005, elle a été élue meilleure montre en titane de l’année par le magazine français Montres. »
Bref, Koukjian, qui a commencé à se faire connaître en dessinant des bijoux pour des grandes joailleries de la place Vendôme, à Paris, est apprécié pour son travail.
Il arrive au designer, friand d’originalité, de dessiner des objets érotiques qui font office à la fois de montre et de bijou. A la récente Foire de Bâle, il a vendu une pièce rare: une grande horloge en cristal de roche et quartz, montée sur une scène digne du «Kama-sutra».
Une sensualité en or
Les personnages, en argent massif et plaqués or, s’adonnent à mille et un plaisirs sur un parterre de pierre verte et blanche qui n’est autre que de la malachite. De l’or ainsi que des diamants entourent la montre au sommet. «Cette pièce a été acquise par un milliardaire russe pour la somme de 800 000 francs. Il m’arrive, de temps en temps, de concevoir des objets érotiques. Sur le marché de la joaillierie, ceux-ci sont en général de plus petite taille. Ceux que je crée sont de dimension plus importante. »
Tandis qu’il nous prie de bien spécifier qu’il ne fait pas que des pièces érotiques, sur son bureau nous voyons une autre création horlogère assez imposante. «Celle-ci partira chez un souverain bientôt. Mais vous comprendrez, je pense, que je ne puisse pas vous dire de qui il s’agit. » De nouveau, les personnages sont en or. Mais, cette fois, ils traversent une étendue en chevauchant des quadrupèdes. Le prix de cette pièce montée qui nous rappelle les gâteaux de mariage: 300 000 francs.
PIERRE KOUKJIAN
Né à Beyrouth, le 19 août 1962, d’un père militaire et d’une mère au foyer. Il a deux sœurs. Il a suivi des études d’architecture, de sculpture et de peinture au Liban. De là, il part d’abord travailler comme designer en Asie, puis se dirige vers l’Europe. Il est père de trois enfants.
Le Matin |