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Avec son énorme dette, l'Italie inquiète tout particulièrement les marchés. Si ses points forts la mettent à l'abri d'un scénario grec, le pays est tout de même handicapé par les tensions politiques.
Croulant sous une énorme dette, handicapée par des tensions politiques et une croissance atone, l’Italie est dans le viseur des marchés, mais ses points forts la mettent à l’abri d’un scénario à la grecque, estiment des économistes.
Après un "vendredi noir", les taux obligataires italiens ont atteint de nouveaux records lundi, faisant grimper le coût de l’énorme dette du pays (120% du PIB) tandis que la Bourse de Milan a terminé sur une nouvelle chute de 3,96% malgré l’adoption d’une mesure pour tenter de limiter la spéculation.
"L’Italie est devenue le nouveau point chaud de la crise de la dette en Europe", souligne Jan Randolph de IHS Global Insight. Mais cette "aversion" est plus due à une "crise de confiance" à l’égard de la "capacité des dirigeants européens" à résoudre la crise qu’à un problème au niveau des fondamentaux du pays, nuance-t-il.
Dans ce contexte délicat, car une contagion de la crise à l’Italie mettrait en danger l’ensemble de la zone euro dont elle est la troisième économie, les responsables européens étaient réunis lundi à Bruxelles. Marco Valli d’UniCredit souligne de son côté que cette "vague de spéculations violentes prend l’Italie pour cible alors que quelques doutes émergent sur ses objectifs budgétaires".
Un plan de rigueur de 40 milliards
Le gouvernement a adopté le 30 juin un plan de rigueur de 40 milliards d’euros afin de rassurer les marchés alors que le pays est sous la menace d’une dégradation de sa notation par les agences Moody’s et Standard and Poor’s. Mais des doutes subsistent sur la mise en oeuvre de ce plan, qui doit permettre au pays d’atteindre un quasi équilibre budgétaire en 2014, le gros des mesures portant sur 2013 et 2014, et donc sur le prochain gouvernement.
Les investisseurs sont par ailleurs inquiets en raison des tensions entre le chef du gouvernement Silvio Berlusconi et le ministre de l’Economie et des Finances Giulio Tremonti. En outre, M. Tremonti est éclaboussé par l’implication dans un scandale de corruption de son ancien bras droit qui lui payait le loyer de son appartement romain.
Seule réaction venue du gouvernement lundi, le ministre du Développement économique Paolo Romani a dénoncé une spéculation "ne reposant sur rien" et a assuré qu’il n’y avait "aucune raison de s’inquiéter".
Initiative inhabituelle, la chancelière allemande Angela Merkel a toutefois téléphoné à Silvio Berlusconi pour lui demander une adoption rapide du plan de rigueur, un signe de l’inquiétude grandissante des dirigeants européens.
Répondant à l’appel solennel du président de la République Giorgio Napolitano à la "cohésion nationale" afin d’apaiser les marchés, l’opposition a assuré qu’elle ne ferait pas obstruction à l’adoption du plan avant la pause estivale.
Pas encore de risques comme en Grèce, au Portugal ou en Irlande
Mais même si la "situation est grave", les économistes, à l’exemple de Fabio Fois de Barclays Capital, ne voient toutefois "pas de risques" que l’Italie ait besoin d’appeler à l’aide comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande.
"L’endettement privé est réduit, le secteur bancaire est sain, l’Italie dispose de la troisième industrie de la zone euro alors que la Grèce vit de tourisme et de peu d’autres choses", le déficit public (4,6% du PIB en 2010) est inférieur à celui de nombreux pays européens, énumère Marco Valli.
La "hausse des taux ne met pas en danger le financement de la dette", mais si elle se poursuit l’Italie pourrait avoir besoin "d’adopter de nouvelles mesures" de rigueur, ce qui "assombrira les perspectives de croissance" déjà faibles, met cependant en garde Luca Mezzomo, d’Intesa Sanpaolo.
AFP |