Le franc atteint un énième record face à l’euro et tend vers la parité
 
Le 19-07-2011

Des entreprises suisses renoncent à faire des prévisions pour cette année. Schaffner publie un avertissement sur bénéfices

Le franc, encore le franc, toujours le franc. Alors que la saison des résultats semestriels a débuté, sa cherté est omniprésente dans les communiqués de presse des entreprises suisses qui dévoilent leurs chiffres. Et pour cause. A 9h26 lundi matin, l’euro s’échangeait à 1,14 franc, battant un nouveau record face à la monnaie unique. Par rapport au dollar, il se relâchait quelque peu, à 0,8148, après le record à 0,8087 atteint dans la nuit de mercredi à jeudi dernier.

Et le pire est peut-être encore à venir. Selon John Taylor, fondateur de FX Concepts à New York, le plus grand fonds de fonds du monde actif dans les monnaies, «on dirait que le franc va aller vers la parité face à l’euro». D’après lui, le pouvoir d’attractivité de la devise nationale va perdurer sur le long terme, a-t-il dit à Bloomberg. En d’autres termes les entreprises devront apprendre à vivre avec ce fléau encore longtemps. Un avis partagé par les experts de Société Générale et de Nomura. Pour la Banque cantonale de Zurich, le franc devrait continuer à être recherché en raison de l’endettement élevé de plusieurs Etats membres de la zone euro et des Etats-Unis.

L’impact pour les entreprises suisses se fait déjà sentir massivement. Hier, le groupe Schaffner est passé sous les fourches caudines d’un avertissement sur bénéfices en raison du renchérissement de la devise nationale. L’entreprise soleuroise a revu à la baisse ses prévisions pour l’exercice 2010-11, clos fin septembre. Il ne table désormais plus que sur des ventes et un résultat opérationnel à hauteur de ceux de 2009-10. Avec une mise en garde de taille: «Pour autant que les marchés monétaires se stabilisent.» D’après la banque Vontobel, cette révision à la baisse est essentiellement à mettre sur le compte de taux de change défavorables.

Même auprès des entreprises qui ont jugulé les effets monétaires et dévoilé hier des performances semestrielles meilleures que prévu, la situation des devises reste le plus gros facteur d’incertitude pour le proche avenir, comme l’a affirmé le patron du groupe industriel schaff­housois Georg Fischer (GF). Yves Serra a ainsi chiffré l’effet négatif des cours de change à environ 50 millions de francs au niveau du résultat d’exploitation semestriel et de 243 millions au niveau des ventes de son groupe.

Pour sa part, le groupe de transport et logistique schwyzois Kühne + Nagel est parvenu en dépit du casse-tête des taux de change à accroître son bénéfice net pour la période sous revue. Il est certes ressorti en hausse de 11% par rapport à janvier-juin 2010, mais la progression se serait élevée à 26% corrigée des effets monétaires. En raison de la crise de la dette et de la situation financière en Europe ainsi que du développement économique très incertain des marchés, l’entreprise a carrément renoncé à faire des anticipations, estimant qu’établir «une prévision fiable est actuellement impossible». Même constat chez GF, où l’on note que «la visibilité restreinte de l’évolution économique et les incertitudes sur les marchés monétaires rendent les prévisions difficiles».

Chez Lonza, les employés de Bâle, après ceux du site de Viège, vont travailler deux heures supplémentaires par semaine. Le groupe estime que le franc fort pèsera sur ses comptes 2011 à hauteur de 60-70 millions.

En deux semaines, le franc a dévissé de 1,24 à 1,14 euro. Soit de plus de 8%. Par rapport à un panier de neuf devises de pays développés, calculé par Bloomberg, le franc est celle qui s’est le plus renchérie depuis une année face à ses pairs, soit de 17%. Au deuxième rang, le dollar australien arrive loin derrière (+9,1%).

LeTemps

 

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